Entretien exclusif. François Gouyette : « Je reste optimiste sur la transition démocratique »
L’ambassadeur français sortant François Gouyette est un témoin privilégié de la transition tunisienne. Quatre années d’un mandat relativement long, marqué par de nombreux défis sécuritaires mais aussi la promulgation de la Constitution et des élections libres. Il a accepté de répondre à nos questions et de revenir sur sa tumultueuse mission à Tunis avant de rejoindre son nouveau poste à Ryadh dans quelques semaines.
Son mandat arrive à son terme. Ce parfait arabophone devrait quitter Tunis en septembre prochain, avant l’arrivée de son successeur Olivier Poivre d'Arvor, « deux personnalités très différentes » commente-t-il sur le ton de la plaisanterie. L’usage diplomatique veut en effet que deux chefs de mission ne se croisent pas.
Evacué de Libye où il était en poste au moment du déclenchement de la révolution libyenne, il est cueilli 24 heures après son arrivée à Tunis par l’attaque de l’ambassade US… Mais l’épisode qui l’a davantage marqué est la réussite du dialogue national fin 2013, confesse-t-il.
« Le temps de la justice n'est pas forcément un temps juste », concède Gouyette à propos des lenteurs de la restitution des avoirs spoliés, reconnaissant par ailleurs qu’il s’agit d’une « demande légitime du peuple tunisien », tout en rappelant l’appui de la France au processus de justice transitionnelle « qui reste avant tout l’affaire des Tunisiens ».
Laissant une Tunisie quasiment dans une situation d’impasse politique, cet optimiste de nature affirme néanmoins avoir confiance en un parachèvement réussi de la transition tunisienne, maintenant que le pays s’est doté d’institutions viables et d’un Etat de droit.
Propos recueillis par Seif Soudani et Rached Cherif