En déplacement en Italie, le ministre Riadh Mouakher a-t-il commis une maladresse ?
C’est décidément la série noire pour le gouvernement Youssef Chahed en termes de communication. Après le limogeage de quatre ministres en 6 mois, dont deux sont dus à des bourdes verbales, voilà que le ministre des Affaires locales et de l’Environnement Riadh Mouakher s’illustre en Italie en tenant des propos polémiques sur la situation géographique de la Tunisie.
Présent à Rome en marge de la conférence internationale « Tunisie, l'espoir de la Méditerranée » organisée dans la capitale italienne par la Fondation Craxi, en coopération avec le Parlement européen et le ministère italien des Affaires culturelles et du Tourisme, Riadh Mouakher fait l’objet d’une controverse qui fait tache d’huile sur les réseaux sociaux.
Dans son discours d’hier jeudi 4 avril devant des responsables italiens, le ministre aurait en effet déclaré :
« Lorsque j’étais encore étudiant à New York, on me demandait souvent : d’où venez-vous ? Je répondais alors : d’un pays qui se trouve en-dessous de l’Italie, car à l’époque la Lybie leur faisait peur et l’Algérie était pour eux synonyme de communisme. Et puis inutile de raconter la grande histoire qui nous lie à l’Italie ». C’est en somme ce qu’aurait entendu la délégation italienne dans ses casques de traduction.
En voulant clarifier ce qui fut reçu par un tollé au pays, au point que certains tunisiens ont fait leurs excuses par procuration à l’Algérie, Mouakher est revenu sur ses propos et a assuré dans un statut Facebook qu’il s’agissait là d’une « anecdote sans plus ». « Je n'ai fait que répondre à la plaisanterie du ministre italien des Affaires étrangères qui avançait que depuis le sud de l’Italie où il habite, il pouvait voir la Tunisie » s’est est-il justifié.
« Durant les années 90, lorsque je me présentais aux Etats-Unis comme tunisien, on méprenait la Tunisie pour l’« Indonésie », et quand je disais que la Tunisie était limitrophe de la Libye, les gens associaient cela à la dictature de Mouammar Kadhafi. Quant à l’Algérie, elle était alors associée au communisme et on me demandait alors si nous étions nous aussi gouvernés par un régime communiste… Après la révolution, la Tunisie n'avait plus besoin d'être présentée. Il se peut que la traduction ait fait sortir mes propos de leur contexte », ajoute le ministre.
« Vous auriez mieux fait de ne pas clarifier », commentent aujourd’hui certains internautes, tant les deux versions ne diffèrent pas et ont été perçus comme un aveu de complexe d’infériorité ou de différentialisme culturel, de la part du ministre d’Afek (néolibéralisme) connu pour son franc-parler.
S.S