Emeutes à Sidi Hassine : une trentaine de jeunes en garde à vue
Au moins 27 personnes, parmi 46 arrêtées, lors des affrontements survenus à la cité 20 mars de Sidi Hassine Sijoumi dans les faubourgs de Tunis, ont été mises en garde à vue, annonce le parquet de Tunis. Ils manifestaient en marge des funérailles d’un jeune tué par balle en marge d’un contrôle douanier qui a dégénéré.
Les images du jeune tué près de son domicile ont choqué l'opinion nationale
Par ailleurs quatre douaniers se trouvent toujours en détention préventive depuis l’incident survenu mardi et au sujet duquel la médecine légale n’a toujours pas livré son verdict. Des sources sécuritaires évoquent cependant une possible rareté balistique, une balle tirée par un tir de sommation ayant pu ricocher et atteindre la jeune victime, sans convaincre une opinion aussi sceptique qu’indignée par cette escalade de « violence gratuite » qui « épargne les gros dealers ».
Un calme précaire régnait hier mercredi soir dans la localité défavorisée de Sidi Hassine, située à l’ouest de la capitale, après des escarmouches entre ce que le ministère de l’Intérieur a qualifié de « délinquants » et les forces de l’ordre.
« La situation est en observation par les unités anti émeutes qui ont reçu des renforts après des actes de pillage commis par un groupe de délinquants qui ont profité de l’incident de la mort du jeune Aymen Othamni agé de 19 ans », affirme le porte-parole du ministère.
La même source a néanmoins rendu hommage à la famille du jeune défunt qui a appelé les voisins et les jeunes de la localité à faire preuve de retenue et pour avoir pris « la décision civique et honorable » de poursuivre en justice les responsables de la mort de leur fils. Ce dernier, qui travaillait en tant que maçon, est sorti de son chantier par curiosité d’après ses proches et n’est pas un vendeur à l’étalage comme l’ont d’abord prétendu d’autres sources.
Le spectre d’une révolte des quartiers
La tension est montée d’un cran dans le quartier lorsque l’itinéraire du cortège funèbre vers le cimetière a été émaillé d’incidents avec la fermeture de la route à coup de jets de pierres et de pneus incendiés alors que le poste de police de Attar au Sijoumi a été la cible de jet de pierres, en guise de représailles à la descente meurtrière de la nouvelle police d’intervention douanière.
Quatre agents de la patrouille douanière incriminée ont été entendus par le juge d’instruction et placés en détention préventive. Le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis 2 Moez Ben Salem a expliqué que le juge d’instruction avait émis le 24 octobre une commission rogatoire pour entendre tous les membres de la patrouille ainsi que les témoins.
Moez Ben Salem a ajouté que le juge d’instruction ainsi que le procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis 2 ont assisté à l’autopsie du corps du jeune Aymen Othmani. Le Parquet avait confié à la police judiciaire l’ouverture d’une enquête sur les affrontements qui avaient éclaté entre les agents de la douane et les manifestants.
De son côté, la Direction générale de la Douane avait expliqué que ses agents avaient été attaqués aux projectiles alors qu’ils effectuaient une descente dans un entrepôt de marchandises de contrebande à Séjoumi. « Les agents ont tenté de repousser, à deux reprises, les manifestants avant de procéder à des tirs de sommation », se justifie la direction de la Douane.
Souhaitant calmer les esprits par une désescalade, les autorités ont relâché une vingtaine de jeunes. Suffisant pour apaiser la colère du chaudron social qu’est Sidi Hassine, et qui se propage désormais aux ultras des stades de football ? Rien n’est moins sûr.
Seif Soudani