Elyes Fakhfakh, chargé de former un gouvernement

 Elyes Fakhfakh, chargé de former un gouvernement


Au bout d’une longue intrigue politico-constitutionnelle qui aura duré plus de deux mois et la chute d’un premier gouvernement, le président de la République Kais Saïed a jeté son dévolu ce soir sur l’ancien ministre du Tourisme et des Finances Elyes Fakhfakh (47 ans). Ce dernier a un mois pour former un gouvernement de la dernière chance. Portrait. 



Elyes Fakhfakh au Forum économique de Davos 


Considéré comme proche de la ligne pro révolution et appartenant à la famille dite social-démocrate, Elyes Fakhfakh, né en 1972 à Tunis, est ingénieur de formation. Il n’entre en politique qu’après la révolution de 2011, sous la bannière du parti centre-gauche Ettakatol, nommé ministre au sein du gouvernement troïka de l’islamiste Hamadi Jebali, chargé du ministère du Tourisme de 2011 à 2013 puis des Finances (d’abord par intérim), de 2012 à 2014. Il occupe également cette dernière fonction au sein du gouvernement Ennahdha de Ali Larayedh.


Un choix imparfait


Bien qu’étant le représentant, en tant que quadra, d’un leadership jeune impliqué en politique, l’homme n’en est pas moins impopulaire auprès d’une large frange de l’électorat de Kais Saïed dont il fut d’ailleurs l’un des adversaires lors de la dernière présidentielle.  


Ainsi les plus souverainistes des électeurs de Saïed voient en Fakhfakh un binational bourgeois, ancien cadre de Total, où il a fait carrière d’abord chargé de résoudre des problématiques techniques et organisationnels complexes dans des sites européens, américains et asiatiques. Puis entre 2004 et 2006, où il y fut est directeur des opérations d'un nouveau site industriel de Total en Pologne. Il devient ensuite directeur général d'une société industrielle tunisienne spécialisée dans les composants automobiles à l'exportation.


Une expertise économique qui lui vaut cependant les louanges de ceux qui considèrent que la Tunisie surendettée a précisément besoin d’un chef de l’exécutif spécialisé dans les questions économiques, et avec un bon carnet d’adresses ainsi qu’un réseau à l’étranger.  


Mais aux yeux de ses détracteurs, Elyes Fakhfakh présente comme principal défaut un manque de légitimité populaire : non seulement son parti n’avait conquis aucun siège au Parlement aux dernières élections législatives, mais il n’avait à titre personnel recueilli à la présidentielle de 2019 que près de 11 mille voix, soit 0,3% des suffrages…


Son bilan à la tête du ministère du Tourisme est en outre mitigé : alors que la fréquentation touristique avait baissé de 33 % en 2011, dans le contexte certes difficile post révolution, l’ex ministre table sur un bond de 40 % de fréquentation sur une période comprise entre 2011 et 2016, afin de franchir durant cette dernière année la barre des dix millions de visiteurs annuels. Dans les faits, le nombre de nuitées baisse de 16 % durant chacune des deux années (2012 et 2013) au cours desquelles il est ministre.


« Moindre mal » pour les plus optimistes soutiens d’une ligne pragmatique, l’homme a toutes ses chances d’obtenir quoi qu’il arrive la confiance de l’Assemblée, les députés ayant conscience que lors de ce vote de la dernière chance, tout autre scénario signifierait la dissolution immédiate du Parlement.