Elections 2019 : plus de la moitié des Tunisiens encore indécis
Le dernier baromètre politique en date réalisé par l’institut de sondage Emrhod consulting révèle que le nombre d'indécis ne sachant pas encore à ce jour pour qui voter à l’élection présidentielle s'élève à 56%. Une proportion préoccupante pour la classe politique, à 7 mois seulement des échéances électorales.
S’agissant donc du mois d'avril courant, 41,6% des sondés ont affirmé qu'ils accorderaient leurs voix à Youssef Chahed, l’actuel chef du gouvernement, si le scrutin de la présidentielle venait à se tenir dès demain.
En guise de premier poursuivant, le juriste constitutionnaliste Kais Saïd fait une entrée remarquée dans ce classement, quoique ce candidat « pro révolution » n’est pour l’instant gratifié que d’uniquement 13,3% des intentions de vote. Un chiffre qui stagne probablement à cause du nombre en hausse des détracteurs de Saïd qui lui reprochent ses prises de position notamment anti égalité dans l’héritage pour lesquelles ils se réfère au « texte coranique clair à ce sujet ». Une « flagrante incohérence » qui fait polémique pour ceux qui parmi les modernistes le soutenaient jusqu’en 2018.
Arrivent ensuite la nostalgique de la dictature de Ben Ali, l’avocate Abir Moussi, puis l'ancien président de la République Moncef Marzouki, crédités respectivement de 5,7% et 2,7%, ce qui en dit long en soi sur la désaffection dont fait l’objet Marzouki qui pourrait ainsi être battu par une candidate aussi excentrique et fantaisiste que Moussi.
Le chef d’Ennahdha Rached Ghannouchi ferme la marche avec 0,8%, un chiffre qui reflète moins la popularité de ce « chef spirituel » des islamistes que le fait qu’il n’a jamais réellement exprimé d’intérêt pour briguer un mandat présidentiel, son mouvement privilégiant traditionnellement les mandat parlementaires et municipaux.
L’ancien « islam politique » toujours en tête aux législatives
Le même baromètre indique en revanche que, s’agissant du nombre d’indécis quant aux prochaines élections législatives d’octobre, leur nombre a déjà considérablement reculé par rapport au mois de février 2019. Ainsi 41,6% ne savent toujours pas sur quel parti politique ils vont jeter leur dévolu, contre 50,5% en février, signe que la précampagne électorale bat son plein tant sur le terrain que dans les médias
Et quelle qu’en soit l’appellation, ce qui jadis était appelé islam politique, devenu « partis à référentiel islamique », puis « droite conservatrice » comme le voudrait aujourd’hui Lotfi Zitoun, idéologue d’Ennahdha, recueillerait aujourd’hui 21,2% d’intentions de vote pour Ennahdha.
Un pourcentage à comparer avec les petits 7,1% de Tahya Tounes, le parti de Youssef Chahed, principale force « moderniste » dont ce score virtuel, certes en hausse, reflète la désintégration de Nidaa Tounes dont il est issu et qui est quant à lui crédité que d’un 6,5% d’intentions de vote… Dérisoire par rapport à un passé proche où il était au coude-à-coude avec Ennahdha.
Le Parti destourien libre issu du RCD dissout, et dont les militants ont été agressés ce weekend à Sidi Bouzid, obtiendrait enfin 4,4% des intentions, le Courant démocrate de Mohamed et Samia Abbou 1,9%, juste devant le Front populaire qui fermerait la marche avec un étonnant 0,5% des intentions de vote.
La marge d’erreur reste cependant de plus ou moins 2,4% précise Emrhod consulting, qui effectuait ce sondage en coopération avec les quotidiens nationaux Assabah et Le Temps. L'enquête pour ce baromètre a été réalisée du 27 au 29 Mars 2017 auprès d’un échantillon de 1500 personnes représentatif de la population Tunisienne en âge de voter (18 ans et plus) sur l’ensemble du territoire.
>> Lire aussi : Tunisie. Vers un changement de date de la présidentielle ?