Education nationale : c’est le blocage

 Education nationale : c’est le blocage

Taxé d’autoritarisme


Le ministre de l’Education nationale Hatem Ben Salem a exclu toute possibilité de rencontre ce lundi 10 décembre entre le chef du gouvernement et les représentants de l’UGTT. Une fin de recevoir qui approfondit la crise en pleine période des examens en Tunisie.



En recevant le maire de la Marsa, Hatem Ben Salem envoie un signal selon lequel les activités de son ministère se poursuivent de façon quasiment ordinaire. "Une provocation" aux yeux de certains syndicalistes en région


 


Ben Salem justifie son refus d’entremise auprès de la Kasbah par le fait que que « les négociations se poursuivent avec la centrale syndicale », arguant que le ministère de l’Education avait déjà présenté une liste de propositions à l’UGTT, et qu’il « attend toujours une réponse ».


Aussi le ministre a démenti les accusations de campagnes orchestrées par le pouvoir pour dénigrer les enseignant jugés « irresponsables », précisant que « l’objectif du ministère est d’accorder des facilités à l’enseignant pour améliorer son pouvoir d’achat mais dans le cadre du possible », sous-entendu les limites du budget de l’Etat.


Ben Salem a par ailleurs déclaré que le recours à la violence et « l’instrumentalisation des élèves » à des fins sans aucun lien avec le processus pédagogique (l’actuel boycott des examens par une majorité d’enseignants du secondaire, ndlr) constituent « des lignes rouges » au moment où l’on commence déjà en Tunisie à parler de possibilité « d’année blanche »…


  


Grève de deux heures des instituteurs


Moins radicaux en l’occurrence que leurs collègues du secondaires, les instituteurs ont opté pour une protestation plus symbolique. Ainsi les cours ont été suspendus ce matin lundi dans tous les établissements primaires publics du pays pendant deux heures, conformément au préavis de grève des instituteurs émis par la fédération générale de l’enseignement de base, en signe de solidarité avec les luttes des enseignants des lycées.


Le secrétaire général de la fédération générale de l’enseignement de base, Nabil Hawachi affirme que les enseignants du primaire sont en grève de 10H00 à midi « en soutien aux revendications légitimes face à la poursuite de l’intransigeance du gouvernement qui dénote l’absence de toute volonté politique de sortie de crise ».


En sus du boycott, des centaines d’enseignants du secondaire ont entamé depuis vendredi dernier des sit-in ouverts aux sièges-mêmes de leurs commissariats régionaux respectifs de l’éducation, en guise de protestation contre la décision du ministère de prélever les journées de grève des salaires des enseignants qui ont boycotté les examens de la semaine bloquée dont le déroulement était initialement fixé du 3 au 8 décembre 2018. En somme la spirale de la contestation entre dans un cercle vicieux.


Le ministre de l’Education avait répliqué pour sa part que le département « ne fait qu’appliquer la loi » : en clair, la retenue sur salaire en cas de « travail non accompli ».


 


Démission collective de directeurs d’établissements à Sidi Bouzid


Jusqu’au-boutistes, des directeurs, directrices et censeurs exerçant dans des collèges et lycées du gouvernorat de Sidi Bouzid ont quant à eux présenté une démission collective en guise de protestation contre « l’humiliation et le harcèlement pratiqué par le ministère de l’Education et les commissariats régionaux de l’éducation », selon un communiqué publié hier dimanche, par la section de la fédération générale de l’enseignement secondaire à Sidi Bouzid.


Les directeurs et les censeurs en question ont décidé d’entamer à leur tour à partir d’aujourd’hui lundi un sit-in ouvert au siège du commissariat régional de l’éducation à Sidi Bouzid, tout en rendant responsable de ces départs le pouvoir exécutif. La lettre de démission publiée à l’issue d’une assemblée générale tenue au siège de l’Union régionale du travail à Sidi Bouzid comporte plus de 41 signatures.


Venu défendre le budget de son ministère dans le cadre du projet de loi de finances devant les députés de l’Assemblée des représentants du peuple, Hatem Ben Salem s’est vu reprocher par élu du Front Populaire Zied Lakdhar, lui-même ancien professeur du secondaire, de « reconduire les méthodes autoritaires de l’ancien régime », allusion au même poste de ministre de l’Education nationale qu’occupait jadis Ben Salem du temps du président déchu Ben Ali.  


 


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