Education nationale : Ben Salem veut une guerre contre les cours particuliers
Un projet de décret-loi gouvernemental vient d’être parachevé par le ministère de l’Education dans le but d’ « élargir les prérogatives des inspecteurs administratifs et financiers » pour mieux lutter contre le phénomène des cours particuliers anarchiques donnés en dehors des établissements scolaires, dans des espaces non sécurisés pour les élèves. Une mesure prise en marge de signalement de plusieurs cas de harcèlement sexuel sur mineurs.
Le directeur des affaires juridiques au ministère de tutelle a annoncé aujourd’hui vendredi que ce projet de décret-loi gouvernemental stipule également le renforcement du corps des inspecteurs administratifs et financiers dont le nombre est limité actuellement à une trentaine sur l’ensemble du pays, à raison de 1 ou 2 inspecteurs par délégation régionale.
« L’objectif est de porter le nombre d’inspecteurs administratifs et financiers par délégation régionale à quatre, afin qu’ils soient capables d’assurer convenablement les missions qui leur sont attribuées et repérer plus rapidement les abus », a-t-il promis.
Un fléau longtemps combattu, jamais éradiqué
Zermeddini a par ailleurs rappelé que le décret gouvernemental 1619 de 2015 avait déjà été promulgué pour organiser et réglementer les cours particuliers dans les espaces éducatifs publics en les interdisant strictement dans tout autre espace extérieur. En vertu de cette loi, les contrevenants encourent des sanctions disciplinaires de 2ème degré. En cas de récidive, ils s’exposent alors à la révocation pure et simple.
Mais le ministre Hatem Ben Salem, aux prises avec les syndicats, pourra-t-il réussir là où son prédécesseur, le pourtant volontariste Néji Jalloul, a échoué ? Car dans les faits, cette loi n’a jamais pu empêcher de nombreux enseignants (une majorité dans les discipline scientifique) de continuer à donner des cours particuliers chez eux et dans des espaces aléatoires, mettant en péril la vie des élèves via des conditions sanitaires inappropriées, voire plus récemment la multiplication d’agressions sexuelles, notamment à Sfax.
Afin de se donner les moyens de sa politique, le ministère de l’Education a donc décidé de mettre en œuvre les dispositions du décret gouvernemental 1619 de 2015 en appelant les directeurs régionaux de l’éducation à renforcer le contrôle et à décider l’arrêt immédiat du travail de chaque contrevenant en attendant son passage par le conseil de discipline, une mesure radicale dont la faisabilité reste à prouver.
Le responsable a ajouté que l’arrêt immédiat du travail sera décidé suite à des signalements et à des rapports fournis par les inspecteurs administratifs et financiers qui pourront, en vertu, du projet de décret-loi gouvernemental, entendre les différentes parties concernées, y compris les parents, pour avoir plus de preuves sur les infractions.
Il a en outre fait savoir que le ministère de l’Education n’a pas publié de numéro vert de « délation », préférant lancer prochainement des campagnes de sensibilisation pour dissuader les parents d’inscrire leurs enfants dans des cours particuliers en dehors des établissements éducatifs. Reste à espérer que les parents collaboreront avec ces dispositions, eux qui, par émulation, ont jusqu’ici tendance à perpétuer un système parallèle où tous les moyens sont bons pour garantir de bonnes notes à leurs enfants.