66e commémoration de l’assassinat de Farhat Hached
Une marche est partie de la Place Mohamed Ali, haut lieu du syndicalisme tunisien, en direction du mausolée Farhat Hached à La Kasbah, pour commémorer le 66e anniversaire de son assassinat, le 5 décembre 1952. Cette année le fils du leader syndical a tenu pour responsable l’ancien Etat colonial français de ce crime en partie non élucidé.
Plusieurs personnalités nationales et syndicales ont participé à cette marche qui avait cette année une teneur particulière, au moment où les affaires des assassinats plus récents de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi refont surface.
Ainsi le secrétaire général adjoint de l’Union Générale Tunisienne du Travail, Bouali Mbarki s’est félicité de la participation de plusieurs milliers de Tunisiens cette année à cette marche qui « illustre la place symbolique encore intacte de ce leader nationaliste, syndical et anti colonial dans la mémoire collective ».
« Cette commémoration intervient toutefois à un moment où le pays connait une crise socio-économique aigue accompagnée d’un manque de volonté de la part du gouvernement de trouver des solutions qui permettent de surmonter la conjoncture difficile que traverse le pays », a-t-il cependant déploré.
Sami Tahri, secrétaire général adjoint de la centrale syndicale a souligné de son côté que l’UGTT restera toujours « le refuge des travailleurs tunisiens en temps de crise, et qu’elle entreprendra toutes les formes de protestation pacifique contre les politiques d’appauvrissement ».
Dans un autre volet, le secrétaire général adjoint de la fédération générale de l’enseignement secondaire, Morched Idriss a tenu pour responsable le ministère de l’Education Hatem ben Salem de l’aggravation de l’importante crise qui secoue actuellement le secteur de l’éducation en Tunisie.
Quelle vérité sur l’identité des assassins de Hached ?
Le fils du fondateur de la centrale syndicale, Nouredine Hached, a quant à lui déclaré que son père Farhat Hached n’a pas été tué par la Main Rouge. Selon le fils Hached, « ce mythe » correspond à un narratif déculpabilisant inventé d’après lui de toute pièce par l’Etat français « pour éviter tout soupçon » dans cette tragédie nationale.
Farhat Hached a pour rappel été tué le 5 décembre 1952 sur la route de Radès, mais il est désormais établi que son assassinat avait été planifié au moins six mois à l’avance, un certain 15 mai 1952. Parmi les noms évoqués, Antoine Pinay (ex-Président du conseil des ministres français), Léon Martinaud-Déplat (ancien député), René Pleven (ancien ministre de la Justice), Jean Brune (ancien ministre de la Défense) et Maurice Schumann (ancien ministre de l’Intérieur) auraient planifié l’assassinat du leader syndicaliste, Farhat Hached.
« Ces hauts dirigeants de l’Etat français ont fait appel à des agents des services secrets français pour assassiner Farhat Hached qui était devenu l’ennemi à abattre vu la menace qu’il présentait au colon français ». Nouredine Hached affirme en outre, en adoptant le vocabulaire de notre époque, que l’implication présumée de la Main rouge n’est qu’une « fake news », « une désinformation montée de toute pièce ». Pour le fils du leader syndical, son père a été tué aux alentours de 7h15 du matin, et ses assassins s’appellent Sylvain, Hilt et Boyer. Ils font partie des services secrets français.
En juillet 2013, nos confrères de Rue 89 titraient : « Un crime d’Etat en Tunisie : Ferhat Hached, le document qui accuse ». La même année, la Place Farhat Hached était inaugurée le 30 avril dans le XIIIème arrondissement de Paris.