Dix fonctionnaires tunisiens, dont le consul général, kidnappés par Fajr Libya

 Dix fonctionnaires tunisiens, dont le consul général, kidnappés par Fajr Libya


Alors que la guerre civile fait rage en Libye, une milice affiliée à Fajr Libya a revendiqué le 12 juin l’assaut du consulat de Tunisie, durant lequel 10 fonctionnaires tunisiens, dont le consul général, ont été enlevés.




 


La matinée de vendredi, le consul général de Tunisie à Tripoli a ouvert ses portes normalement. Onze fonctionnaires y travaillaient. Peu avant midi, le groupe armé, une frange de Fajr Libya affiliée à Walid Klib, fait irruption et y kidnappe tous les hommes présents dans le bureau d’ordre. Un seul agent tunisien réfugié au premier étage n'a pas été repéré.


En détention à Tunis depuis le 14 mai dernier, le chef de guerre Walid Klib est « suspecté de terrorisme » par les autorités tunisiennes. En tout, l'opération n'a duré selon des témoins qu'une dizaine de minutes. Les hommes ont été embarqués dans un véhicule, vers une destination inconnue.


Le frère de Samir Klifi, un des diplomates otages qui travaille depuis six ans en Libye, a révélé que « les Tunisiens du consulat vivaient depuis plusieurs jours avec des menaces très précises ». Menaces venant selon lui explicitement de Fajr Libya.  


Une cellule de crise a été mise en place au ministère des Affaires étrangères, présidée par Touhami Abdouli, responsable des Affaires africaines. Elle s’est réunie jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi. 


 


Montée du sentiment de xénophobie


La population de travailleurs tunisiens en Libye est estimée aujourd’hui à 40 000 Tunisiens. Vendredi soir, les autorités tunisiennes ont demandé à leurs ressortissants de limiter leurs déplacements vers la Libye. La Tunisie accueille quant à elle des centaines de milliers de Libyens depuis la révolution qui a déposé Kadhafi en 2011 (1 à 2 millions selon certaines estimations ne tenant pas compte des entrées et sorties récurrentes).


En avril 2015, une centaine de travailleurs tunisiens avaient été enlevés à Zaouïa par "une unité révolutionnaire libyenne". De plus en plus perceptible chez une partie de la population tunisienne où en cette veille de ramadan où la Tunisie exporte massivement vers son voisin, un certain ressentiment envers les Libyens est en hausse au rythme des nouvelles de kidnapping devenus monnaie courante de Tripoli à Ajdabiya.  


Dilemme pour le pouvoir tunisien, accepter le chantage via une expulsion de Walid Klib pour raison d'État ou refuser cela au risque de perdre des vies constituent des décisions fatalement risquées, à moins d’une médiation étrangère.


 


S.S