Disparition de Nejiba Hamrouni, la presse perd une figure de proue de la lutte syndicale

 Disparition de Nejiba Hamrouni, la presse perd une figure de proue de la lutte syndicale

Affiche rendant hommage à Nejiba Hamrouni au siège du SNJT à Tunis


L’ancienne présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) Nejiba Hamrouni est décédée dans la nuit de dimanche à lundi 30 mai des suites d’une longue bataille avec le cancer.




 


L’information a été annoncée tard dans la nuit par l’actuel président du SNJT Néji Bghouri, successeur de Hamrouni, qui a d’abord confirmé l’info sur les réseaux sociaux.


Souffrante la dernière fois que nous l’avions rencontrée fin janvier 2016, Nejiba Hamrouni avait été admise récemment dans une clinique privée de Tunis à la suite de la détérioration de son état de santé.


Dans un communiqué, le SNJT a fait part dès dimanche du décès de son ancienne présidente, « journaliste engagée et militante figure de proue de la défense des libertés et de la profession ».


« Avec la disparation de Nejiba Hamrouni, la famille médiatique élargie vient de perdre une journaliste courageuse voire une icône de la lutte pour la liberté et la démocratie », ajoute le Syndicat dans le faire-part.


 


Première présidente du syndicat post-révolution


Membre chargée des libertés de la presse, puis trésorière au Syndicat national des journalistes tunisiens, elle devient la présidente du Syndicat de 2011 à 2014.


Une belle revanche sur l’Histoire, elle qui avait été délogée de force de l’illustre siège de l’Avenue des Etats-Unis par des confrères infiltrés, loyaux au RCD de Ben Ali, non sans avoir résisté jusqu’au bout, comme elle l’explique dans la vidéo ci-dessus de son témoignage devant l’Instance Vérité et Dignité.


Nejiba Hamrouni avait joué un rôle majeur dans la réforme des médias et dans la direction du SNJT à un moment où la Tunisie s’apprêtait à entamer une période de transition très délicate au cours de laquelle les journalistes avaient observé deux grèves générales inédites dans le secteur de la presse. Elle obtient en outre l’instauration de minimas salariaux pour la profession dans les secteurs privé et public.


« La société civile vient de perdre une militante de premier rang qui défend les causes de la femme, partant de sa conviction que la Tunisie moderne prône la justice sociale et la liberté de la femme, selon la même source.


Dans un autre hommage, le journaliste Bassam Bounenni rappelle l’adversité dans laquelle a évolué Hamrouni : » On la voulait morte-née… Elle avait tout ce dont sa société méprisait le plus : une femme, noire, cultivée et libre… Et, pourtant, contre vents et marrées, elle est partie dans la dignité, laissant derrière elle tout un héritage… une leçon ! »


Celle que l’on appelle « Al-naqiba » (la chef syndicaliste) laisse derrière elle un secteur qui s’il fait encore face à des difficultés est globalement bien mieux organisé de sorte de garantir une relative liberté ainsi qu’un seuil minimum de droits économiques et sociaux.  


 


S.S