Tunisie. Dhaker Lahidheb présentera sa candidature à la présidentielle
Le médecin cardiologue Dhaker Lahidheb a annoncé le 6 juin qu’il comptait se présenter en tant que candidat indépendant à l’élection présidentielle prévue en théorie d’ici la fin de l’année 2024. Une annonce doublée d’une esquisse de programme politique plutôt ambitieux.
La candidature a de quoi surprendre ceux qui considèrent que le renommé professeur en cardiologie Dhaker Lahidheb, ancien membre du bureau politique du Courant démocrate (Attayar), est demeuré relativement proche du parti d’opposition de centre-gauche fondé par Mohamed Abbou et dont l’ancien secrétaire général, Ghazi Chaouachi, croupit en prison.
Cette formation boycotte en effet l’ensemble des scrutins électoraux depuis ce qu’elle estime être le coup d’Etat du président Kais Saïed du 25 juillet 2021, au même titre que la majorité des partis politiques traditionnels du pays, diabolisés par l’actuel pouvoir. Une situation paradoxale qui fait dire à certains que ce médecin, figure largement appréciée des Tunisiens, pourrait être une sorte de candidat officieux de l’opposition traditionnelle qui refuse officiellement de participer à « un jeu dont les dés sont pipés » ou n’est simplement pas en mesure de le faire, ses leaders étant incarcérés.
Un programme de modernisation du pays
Dans l’émission consacrée à son annonce de candidature, Lahidheb a exprimé son intention de mettre en place une politique économique qui donne la priorité à la numérisation et l’ouverture des marchés. Il a ainsi considéré que l’on a ostracisé les partis politiques et que cela est essentiellement lié à leur financement. Le médecin a par conséquent assuré qu’il œuvrera à la mise en place d’un mécanisme de contrôle du financement des partis, une posture qui ne remet donc pas fondamentalement en question le credo populiste qui a écarté les partis de la vie politique.
Il a par ailleurs appelé à « éviter les tensions et les accusations de trahison à l’emporte-pièce », tout en formulant son souhait d’accélérer les procédures judiciaires et le traitement des instructions en cours sans pour autant s’ingérer dans la justice.
D’après Dhaker Lahidheb, cela est faisable notamment à travers la réinstauration des instances qui ont été dissoutes sous Saïed et censées réguler le pouvoir, dont le Conseil supérieur de la magistrature (CSM). L’homme insiste également sur « la mise en place d’un système doté de garde-fous et de renforcer le rôle de la société civile ». Il a aussi affirmé qu’il comptait dans un souci d’exemplarité rendre public son dossier médical afin d’être « le plus transparent possible ».
En plus de soumettre le cas échéant une nouvelle Constitution au référendum, Lahidheb a enfin dit son attachement à « une approche inclusive et participative », considérant qu’« aucune personne n’était apte à trancher dans tous les sujets à elle seule », allusion claire à l’autoritarisme du président Saïed, d’où l’importance de consulter des compétences et des spécialistes dans chaque domaine.