Tunisie. Dette publique : Saïed préconise des moyens non conventionnels
Visiblement conscient des conséquences économiques de son propre coup de force du 25 juillet dernier, le président de la République a présidé un Conseil des ministres, jeudi (4 novembre), au cours duquel il a préconisé de « sortir de l’orthodoxie financière », en sollicitant notamment la solidarité directe des Tunisiens, y compris résidents à l’étranger. L’encours de la dette extérieure tunisienne pourrait bientôt dépasser les 100% du PIB.
Comme pour rassurer les esprits échaudés par des expériences antérieures en matière de levée de fonds, le chef de l’Etat a affirmé que « les ressources financières collectées seront mises sous l’unique tutelle de la présidence de la République et de la présidence du gouvernement […] afin que chaque millime soit dépensé pour ce pourquoi il a été destiné, et rien d’autre ».
Mais sur fond de climat d’instabilité politique peu propice aux investissements, cette déclaration de bonnes intentions suffira-t-elle à convaincre les Tunisiens de l’étranger, dont on sait depuis peu qu’ils ont déjà battu des records de transferts de fonds vers le pays ?
Un effort supplémentaire difficile à envisager
Ainsi, selon ilboursa.com citant la Banque centrale de Tunisie, les transferts de la diaspora sont estimés au total à 6,2 milliards de dinars tunisiens, à l’issue du mois de septembre 2021, contre 4,4 milliards durant la même période en 2020, et 3,8 milliards en 2019. Ainsi en termes de pourcentage du PIB, cela équivaut à environ 5,5% du PIB tunisien, soit près du double des 2,7% réalisés en 2010.
Cela représente aussi plus du double des recettes certes encore sinistrées du tourisme (1,8 milliards) tout au long de la même période de janvier – septembre 2021.
Il n’en demeure pas moins que ces records de transferts des Tunisiens vers leur pays natal sont également symptomatiques du fossé grandissant qui sépare l’économie tunisienne de celles des pays de résidence des TRE. Car si le pays avait mieux géré sa sortie de crise post-Covid-19, il est fort probable que les contributions transférées par nécessité auraient été bien moindres.
Comme à son habitude, le président Kais Saïed a une fois de plus mis sa vision de la politique économique dans le cadre d’une « aspiration alternative aux modèles galvaudés », arguant que « l’Humanité doit dépasser ces sentiers battus là où ceux-ci ne lui ont pas permis de prospérer ».
Une certaine mégalomanie à laquelle des internautes narquois ont aussitôt répondu que la Tunisie de Kais Saïed et Ridha Lénine ne saurait réinventer la roue, appelant le nouveau régime tunisien à « plus d’humilité ».