Détérioration du climat social et multiplication des préavis de grève
Fonction publique, siège de la TV nationale, enseignement, taxis individuels… les préavis de grève s’égrènent les uns après les autres, menaçant de paralyser le pays à l’approche d’une saison sociale hivernale traditionnellement chaude en Tunisie.
Un rassemblement général des structures syndicalistes du secteur de la santé publique se tient en ce jeudi 15 novembre, à proximité de l'Institut Salah Azaïez à Tunis, en présence du secrétaire général de l’UGTT Noureddine Tabboubi, afin d’étudier les très minces dernières chances de sortie de crise.
« Derniers préparatifs »
Pour la centrale syndicale, cette action vise à défendre les droits des employés du secteur concernant l'augmentation des salaires pour résister à l’inflation record que vit le pays, l'amélioration des conditions de travail et plus généralement l'amélioration de l'institution publique.
Au siège de la Télévision nationale, les employés n’ont pas attendu la décision des structures. Les agents et journalistes de la TV tunisienne ont en effet d’ores et déjà annoncé qu’ils seront en grève de trois jours du 27 au 28 novembre courant, sans que l’on sache si cela affectera la programmation des chaînes concernées.
Le préavis de grève avait été émis dès le 13 novembre par le syndicat général de l'information, relevant de l'UGTT et signé par le secrétaire général adjoint de la centrale syndicale Samir Cheffi, appelant à la grève au niveau central et régional dans les locaux de la Wataniya 1 et 2.
Les grévistes revendiquent l’application des accords passés et notamment les PV des réunions du 19 avril et du 2 mai 2018. Leurs demandes détaillées concernent le payement des heures supplémentaires de 2017 et 2018, des dus de la couverture des élections municipales, la publication d’un arrêté spécial qui préserve le grade lors des promotions, l’ouverture d’un concours interne, la mise en place de séances de formation et de recyclage, l’accélération des discussions de l’organigramme de la société, ainsi que le recrutement d’un médecin du travail…
Efforts vains pour éviter la paralysie
S’agissant de la grève toujours prévue pour ce 22 novembre dans la fonction publique, l’Union régionale du travail (URT) à Sidi Bouzid, a organisé un rassemblement ouvrier en présence du secrétaire général adjoint de la centrale syndicale, Mohamed Ali Bourghdiri.
Dans une déclaration à la TAP dans la région Boughdiri, ce dernier indique que ce rassemblement s’inscrit dans le cadre des séries de rencontres organisées pour réussir la grève dans la fonction publique prévue le 22 novembre courant. Une laisse cependant la porte entrouverte : « cette décision, a-t-il estimé, n’annule pas les tentatives menées pour trouver des solutions et éviter la grève ».
Mais côté gouvernemental, tout juste remaniée l’équipe dite du « gouvernement Chahed 3 » est encore absorbée par les passassions de pouvoir mais aussi le grand chantier confié à Kamel Morjane de réforme et de modernisation de la fonction publique. Une tâche sur le long terme dont on ne devrait pas voir les premiers fruits avant 1 an, et qui risque d’aller davantage dans les sens de la volonté des bailleurs de fonds de la Tunisie, essentiellement le FMI.
Report de la grève des propriétaires des taxis individuels
Seule désescalade notable : la chambre patronale nationale des propriétaires des taxis individuels a enfin annoncé hier mercredi au soir le report de la grève et de tous les mouvements de protestation prévus les 15 et 16 novembre.
« Cette décision intervient après l’appel lancé par la chambre mercredi après-midi à la tenue d’une réunion jeudi matin 15 novembre avec le nouveau ministre des transports Hichem Ben Ahmed au siège de son département, l’engagement par l’administration de mettre en vigueur l’accord signé le 6 avril 2018 et l’examen des autres dossiers en suspens », ajoute la chambre relevant de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA).
La chambre nationale des propriétaires des taxis individuels a motivé également le report de la grève par « l’intervention de l’Union centrale et l’engagement de régler les dossiers urgents ».
En l’absence de service de type Uber et d’alternatives non engorgées dans les transports en commun, la classe moyenne tunisienne a abondamment recours aux taxis individuels pour assurer ses déplacements quotidiens, notamment dans les grandes villes du pays.