1500 détenus extrémistes, le prix de la sécurité ?

 1500 détenus extrémistes, le prix de la sécurité ?

La dernière manifestation publique d’Ansar al Charia en Tunisie (ici à Kairouan) remonte à 2012


En Tunisie, on tiendrait presque pour acquis le fait que la tenue d’élections se fait désormais en toute sécurité, sans encombre sécuritaire et encore moins terroristes. Or, le nombre des personnes jugées pour terrorisme a atteint 1500 détenus, a annoncé le 10 mai le porte-parole du pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme, Sofien Sliti.


Lors des semaines qui ont précédé les récentes élections municipales en Tunisie, certains esprits taquins ou malveillants ont tenté de propager, photos à l’appui, une « fake news » selon laquelle l’Etat Islamique aurait menacé les bureaux de vote, avant que des « debunkers » ne démystifient cela en révélant la véritable source des dites photos était l’Irak en non la Tunisie. Mis à part le sensationnalisme, c’est là l’une des vocations des « hoax », en l’occurrence avortée : faire croire ce que d’aucuns veulent croire, et créer ainsi un climat anxiogène propice à impacter le vote ou le taux de participation.


La vérité est que depuis les assassinats politiques de 2013, les autorités ne font pas dans la dentelle. « 90% des combattants djihadistes revenus des zones de conflit sont incarcérés » a en effet indiqué Sofien Sliti, tout en précisant que la tranche d’âge de ces éléments est comprise entre 25 et 29 ans, et que 70% d’entre eux sont célibataires.


 


3000 combattants à l’étranger, un chiffre stable


« Le nombre des terroristes tunisiens se trouvant actuellement dans les zones de guerre s’élève à 2929 personnes tandis que le nombre de ceux qui sont revenus de ces zones de conflit avoisine les 160 personnes », a-t-il ajouté lors d’un congrès international sur la jeunesse et le terrorisme tenu à Tunis, quoique d’autres sources internationales avaient par le passé annoncé jusqu’au double, soit environ 6000 combattants tunisiens à l’étranger.  


Selon les données fournies hier jeudi par Sliti, 43% des « éléments terroristes » ont un niveau d’études secondaire, 47% ont un niveau d’études primaires et 4% seulement ont atteint les études supérieures. Les terroristes ayant rejoint les zones de conflit sont issus du grand Tunis (32%), des régions côtières (28%), du sud (23%), du centre (9%) et du nord (8%).


Le gouvernorat de Médenine dans le sud du pays demeure cependant le plus grand exportateur de terroristes (395 personnes), suivi de l’Ariana (295 personnes), de Monastir (205 personnes), de Tunis (201 personnes) et de Tozeur (11 personnes).


 


Seif Soudani


 


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