40% des Tunisiens poursuivis pour terrorisme sont titulaires d’un diplôme supérieur
Les résultats d’une étude présentée par le Centre tunisien de recherches et d’études sur le terrorisme comme étant une « première dans son genre », ont été publiés aujourd’hui mercredi 26 octobre. Ils révèlent que plus de la moitié de l’échantillon étudié est constitué d’étudiants dont le niveau d’études est supérieur au bac.
Selon la directrice du centre Imen Kochbati, docteur en sociologie et en démographie, 13% de l’échantillon étudié, qui concerne mille terroristes présumés ou jugés répartis sur 384 dossiers judiciaires présentés après la révolution, entre 2011 et 2015, sont diplômés de la formation professionnelle, tandis que 4% seulement n’ont décroché que le diplôme du baccalauréat.
Mais environ 40% du même échantillon sont diplômés du supérieur ou disposent d’un niveau universitaire, alors que 33% ont un niveau secondaire. D’autres études à l’échelle internationale avaient déjà révélé que l’écrasante majorité des candidats au djihad sont étudiants dans des branches scientifiques (physiques, mathématiques, ingénierie, etc.).
« Répartition géographique du djihadisme »
La même étude distingue trois groupes selon leurs lieux de résidence respectifs, a indiqué Imen Kchbati. Ainsi un premier groupe comporte les 7 régions avec la plus grande « densité terroriste ». Il s’agit de la capitale Tunis (181), directement suivie de Sidi Bouzid (138) berceau de la révolution avec une proportion démographique inquiétante, Ariana (61) à proximité de la capitale, Jendouba (53) au nord-ouest, Kasserine (52) limitrophe avec l’Algérie, Médenine (51) au sud-est et Bizerte (50) au nord, notamment le fief djihadiste de Menzel-Bourguiba.
Un deuxième groupe inclue 13 régions où le nombre de terroristes présumés et avérés varie entre seulement 49 et 13. Il s’agit de la ville côtière Sousse (49) Nabeul (43), Kairouan (39), Ben Arous (35) au sud de la capitale, la Manouba (31) à l’ouest de la capitale, Le Kef (27), Monastir (24), Gafsa (23), Zaghouan(21), Kébili (19), Tataouine (18), Sfax (16) et Mahdia (13).
Le troisième groupe comporte 4 régions qui ne comptent que 20 terroristes au total répartis sur Gabès (8), Béja (6), Siliana (5) et Tozeur (1).
Peu soucieux de la pertinence de l’usage de la très approximative qualification de « terroriste », notons que certains grands médias tunisiens utilisent encore souvent de façon péremptoire le terme « terroristes », qui laisse à penser à tort que la totalité des affaires présentées par cette étude, qu’elles soient jugées ou non selon la nouvelle loi antiterroriste, sont des affaires résolues et jugées.
Du travail reste donc à faire dans le traitement médiatique du phénomène terroriste, encore abordé tel un phénomène quasi extra-terrestre, ou plus sérieusement comme un ennemi exogène à nos sociétés.
S.S