Tunisie. Des milliers de manifestants empêchés d’atteindre le Parlement

 Tunisie. Des milliers de manifestants empêchés d’atteindre le Parlement

Un imposant cordon anti-émeutes a installé des barrières et a évité de justesse d’être débordé par les manifestants

Quelques milliers de manifestants se sont rassemblés dimanche 14 novembre au Bardo, aux abords du Parlement. Fait inédit, venus pour protester contre le coup de force du président Saïed, ils menaçaient cette fois d’occuper l’Assemblée des représentants du peuple.    

 

Estimés à entre 3 et 4 mille manifestants selon des sources policières, le mouvement « Citoyens contre le coup d’Etat » constitue la première initiative significative pour tenter d’organiser la contestation anti mesures exceptionnelles du 25 juillet dernier.

Ses détracteurs, dont les pro président Kais Saïed, présentent l’initiative comme étant gérée en sous-main par les formations politiques lésées par la suspension du Parlement, dont Ennahdha et la Coalition al Karama. L’initiative se présente toutefois comme indépendante et citoyenne, chapeautée par le juriste et activiste Jaouher Ben Mbarek (gauche laïque).

Alors que le président Saïed avait déclaré la semaine dernière, suite à des accusations d’interdiction illégale d’une conférence de presse des organisateurs de la manif, que ces derniers « n’ont aucun poids au sein de la société pour que je les interdise », des protestateurs venus de diverses régions du pays ont été surpris dès l’aube par des barrages de police barrant l’accès des autoroutes menant à la capitale.

Parmi les slogans entonnés plusieurs heures durant de tensions avec les forces de l’ordre barricadant les accès au Parlement, des appels au « redémarrage de l’activité parlementaire », au « rétablissement de la légalité » ainsi qu’à « la nécessité de destitution du président de la République » ou encore de son « internement dans une institution psychiatrique ».

D’autres encore ont détourné le slogan présidentiel « Achaâb yourid ! » (« le peuple exige ! ») en « Le peuple exige ce que tu ne veux pas ! ». Haranguant la foule, Ben Mbarek a appelé à muer le rassemblement en sit-in devant le Parlement. Était présente également, Samira Chaouachi, vice-présidente de l’Assemblée.

Dans la soirée de dimanche, le ministère de l’Intérieur a publié ce qu’il a présenté comme des preuves à conviction incriminant certains manifestants et justifiant des dizaines de mandats d’arrêt : une poignée de cutters et d’ustensiles de cuisine, ainsi que quelques centaines de dinars en liquide. Une publication aussitôt tournée en dérision par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux qui accusent l’appareil sécuritaire de retour à de vieux procédés inquisitoires de chasse aux sorcières.