Tunisie. Des centaines de migrants subsahariens expulsés de Sfax

 Tunisie. Des centaines de migrants subsahariens expulsés de Sfax

Environ 500 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont été expulsés hier dimanche par les forces de sécurité tunisiennes d’une place dans le centre-ville de Sfax en Tunisie (centre-est), deuxième ville du pays, après avoir été chassés de leurs logements début juillet. Une opération qui intervient dans un contexte tendu sur le plan des relations tuniso-européennes en rapport avec cet épineux dossier.

Discrètement, « les forces de sécurité ont évacué dimanche matin une place sur laquelle environ 500 migrants étaient rassemblés dans le centre de Sfax », a expliqué Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG en pointe sur le dossier migratoire en Tunisie.

Les migrants « ont été dispersés par petits groupes en direction de zones rurales et vers d’autres villes », précise la même source. Les autorités tunisiennes ont mené ce weekend une vaste campagne sécuritaire contre les migrants clandestins, originaires pour la plupart de pays d’Afrique subsaharienne. Elles ont annoncé l’arrestation de près de 200 migrants subsahariens « qui s’apprêtaient à effectuer une traversée clandestine » vers les côtes européennes.

 

« Rafistolages » et solutions éphémères

Un effet d’annonce qui cache cependant une réalité plus complexe. Sans gouverneur depuis de longs mois, la ville de Sfax est en effet le théâtre d’un jeu de dupes, Place Bab El-Jebli, où des campements de fortune sont régulièrement réinstallés par de nouvelles vagues d’entrants subsahariens. Critiquées internationalement pour avoir relâché les migrants en plein désert cet été, cette fois les autorités sont suspectées d’avoir trouvé, en guise de solution radicale, de relâcher les 500 migrants en question à bord de plusieurs bus dans le petit village d’al Amra, connu pour être une plateforme d’embarcations clandestines vers l’île de Lampedusa.

Colère des habitants locaux qui ont aussitôt installé des barrières et brûlé des pneus pour barrer la route aux bus de migrants, accusant les autorités régionales de vouloir faire de leur région une nouvelle zone tampon pour y reloger les migrants :

 

A la suite d’un discours incendiaire en février 2023 du président tunisien Kais Saïed sur l’immigration clandestine, évoquant un « complot pour remplacer les populations arabo-musulmanes », des centaines de migrants subsahariens ont perdu leur travail et leur logement en Tunisie. Des agressions ont été recensées et plusieurs milliers ont dû être rapatriés par leurs ambassades.

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Début juillet, des centaines d’autres ont été chassés de la ville de Sfax et expulsés par les forces de sécurité tunisiennes, notamment vers une zone frontalière désertique avec la Libye où au moins 27 sont morts et 73 portés disparus.

Toujours dimanche 17 septembre, Ursula von der Leyen a présenté sur la petite île italienne de Lampedusa un « plan en 10 points » pour aider Rome face aux arrivées massives de migrants. Un plan qui vise implicitement à accélérer l’exécution du partenariat signé en juillet avec la Tunisie destiné à faire baisser les arrivées de migrants sur les côtes italiennes en échange d’une aide financière. Objectif affiché : « optimiser » les transferts de migrants y compris vers d’autres pays européens, et augmenter le nombre de retours précisément vers la Tunisie.

 

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