Tunisie. Des camps de migrants démantelés à Sfax

 Tunisie. Des camps de migrants démantelés à Sfax

A al-Amra dans le centre-est de la Tunisie, les autorités ont démantelé plusieurs camps informels de migrants. Des milliers de personnes en situation irrégulière, originaires d’Afrique subsaharienne, s’y étaient abritées. L’opération a été menée après les plaintes exprimées par des riverains et une campagne virulente menée sur les réseaux sociaux, mais l’opposition dénonce « de la poudre aux yeux » via une simple délocalisation.

Les forces de l’ordre ont démantelé en fin de semaine des camps de fortune à Al-Amra et Djebeniana (gouvernorat de Sfax) où vivaient des milliers de migrants venus d’Afrique subsaharienne en attente d’une opportunité d’effectuer une traversée vers l’Europe. Une mesure qui fait suite à une virulente campagne sur les réseaux sociaux qui réclamait le départ de ces personnes en situation irrégulière amassés dans cette région depuis près de deux ans à dessein, de l’aveu même de l’ancien ministre de l’Intérieur Kamel Feki.

Les camps en question, installés au milieu d’oliveraies, étaient devenus une épine dans le pied des autorités et suscitaient un fort mécontentement chez les habitants des villages environnants. Car au total, une vingtaine de milliers de migrants, divisés en plusieurs camps informels, avaient érigé des tentes dans les champs, a reconnu Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la Garde nationale.

 

Plusieurs camps concernés

Environ quatre mille personnes de plusieurs nationalités ont notamment dû quitter le camp dit du « kilomètre 24 », l’un des plus grands de la région, situé dans la localité de Katatna, a précisé la même source. D’autres camps informels ont été évacués dans la même zone et les opérations se poursuivront les jours à venir, a-t-il ajouté.

Toujours selon Houcem Eddine Jebabli, des personnes vulnérables et des femmes enceintes ont été prises en charge par les autorités sanitaires du Samu et des pompiers eux-mêmes protégés par les forces de l’ordre. Interrogé sur le sort des milliers de migrants, il a indiqué qu’une partie s’était « dispersée dans la nature », alors que certains champs ont été brûlés. D’après lui, de nombreuses personnes ont émis le souhait d’un retour volontaire dans leur pays.

« De nombreux dossiers étaient devant la justice en raison de l’occupation de propriétés privées » comme les oliveraies, « il était de notre devoir de retirer toutes les formes de désordre », a déclaré Jebabli, d’autant que cette situation participe à l’engorgement des Palais de justice dans le pays. Dès la fin mars, le président Kais Saïed avait appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les retours volontaires des migrants irréguliers vers leurs pays. Mais pour l’opposition, l’action sécuritaire de ce weekend ne vise qu’à calmer l’opinion nationale, l’Etat ne disposant pas d’alternative pour relocaliser ces migrants ni les laisser partir vers l’Europe, ayant les mains liées par des accords avec l’UE.