Tunisie. Démantèlement d’un réseau de contrebande d’huile d’olive

 Tunisie. Démantèlement d’un réseau de contrebande d’huile d’olive

Palais de justice de Tunis

Une juridiction spécialisée dans les affaires de corruption financière au tribunal de première instance de Tunis a prononcé cette semaine diverses peines de prison contre plusieurs hommes d’affaires opérant dans le secteur de l’exportation d’huile d’olive, dont un ressortissant italien.

Des condamnations qui font suite à la clôture des enquêtes sur une affaire relative à la constitution en bande organisée visant à contourner le système d’exportation et de réexportation, selon des rapports concordants publiés mercredi 19 février.

 

Lourdes peines de prison

Parmi les peines prononcées, un homme d’affaires italien a ainsi été condamné à deux ans de prison ferme après avoir été auditionné par le tribunal, ce qui n’a pas manqué de susciter l’intérêt de la presse italienne. D’autres peines de prison allant quant à elles de 14 à 15 ans de réclusion criminelle, ainsi que des amendes financières d’un montant total de 35 millions de dinars, ont été imposées à des hommes d’affaires tunisiens en fuite, dont un entrepreneur et son épouse.

Selon les rapports d’enquête relatifs à cette instruction, les accusés faisaient partie d’un réseau international de fraude consistant à importer de l’huile d’olive en provenance d’un pays du Moyen-Orient vers la Tunisie, pour ensuite falsifier les informations d’origine.

 

Exportation vers l’Europe

L’huile d’olive était ensuite réexportée vers l’Europe, présentée frauduleusement comme étant tunisienne. Des manœuvres qui ont été découvertes à la suite d’enquêtes approfondies portant sur des transactions d’exportation jugées suspectes.

Il a par ailleurs été établi que les accusés avaient manipulé des documents officiels et falsifié les données d’origine, ce qui leur a permis de bénéficier indûment des avantages fiscaux et douaniers accordés aux produits tunisiens exportés vers l’Europe, tout en réalisant des profits illégaux, au détriment du secteur de l’huile d’olive tunisienne mondialement réputée.

Il s’agit en outre de la troisième affaire d’envergure touchant en quelques mois seulement l’industrie particulièrement lucrative de l’huile d’olive. D’après le site d’information spécialisé grec Olivenews.gr, une gigantesque fraude d’une valeur estimée entre 80 et 180 millions d’euros a en effet récemment fait des victimes parmi des banques tunisiennes et plusieurs entreprises européennes.

Elle concerne un célèbre négociant en huile d’olive tunisien qui a reçu des avances substantielles de la part d’importateurs et d’entreprises de conditionnement et de mise en bouteille principalement espagnols, mais aussi italiens et américains, en échange de livraisons d’huile d’olive, en échange de livraisons qui n’ont jamais eu lieu.

L’arrestation fin 2024 du magnat de l’huile d’olive Abdelaziz Makhloufi, PDG du groupe tunisien CHO, fait enfin craindre une nationalisation déguisée du secteur. Deux mois après son arrestation, l’homme d’affaires à la tête de CHO risque de voir son groupe directement administré par la justice. Les opérateurs du marché s’inquiètent des intentions de l’État concernant cette filière.