Tunisie. Décès de l’acteur Fethi Haddaoui
L’un des plus grands acteurs de sa génération, Fethi Haddaoui, est décédé jeudi soir 12 décembre 2024, à l’âge de 63 ans, précipitant le show-business tunisien dans le deuil. Discret sur sa maladie, l’acteur est décédé après avoir lutté contre une maladie qui avait nécessité son hospitalisation durant plusieurs mois, confessent ses proches.
Le ministère des Affaires Culturelles a annoncé en début de soirée la disparition de Fathi Haddaoui « décédé des suites d’une longue maladie ». Dans un faire-part publié sur sa page officielle, le ministère déplore la perte d’un « grand artiste » au parcours artistique assez riche, et adresse ses « condoléances à sa famille et à la famille artistique élargie ».
Fathi Haddaoui est né le 9 décembre 1961 dans la Capitale, Tunis. Il est diplômé, en 1986, de l’Institut Supérieur d’Art Dramatique de Tunis (ISAD) où il est « major de promotion ». Aussitôt diplômé, il se lance dans une carrière d’acteur assez convoité. Au milieu des années 80, Fathi Haddaoui entame une carrière d’acteur au théâtre et au cinéma avant de rejoindre le petit écran, au début des années 90. Au cinéma comme à la télévision, il joue dans des films étrangers, notamment français, italiens, espagnols et anglais. Il collabore avec des réalisateurs assez connus dont Franco Rossi, Serge Moati, Peter Kassovitz, Jean Franco Pannoni, Jean Sagols et Allain Mosly.
En 1985, Haddaoui rejoint le collectif du Nouveau Théâtre avec Fadhel Jaibi, Fadhel Jaziri, Jalila Baccar et d’autres. Il a le rôle principal dans des créations comme « Arab » du duo Fadhel Jaziri et Fadhel Jaibi (1987), puis dans une adaptation éponyme pour le cinéma (1988). Au niveau international, il a joué dans des pièces comme « El Corano » au théâtre Argentina à Rome (Italie) en 2000, et « Œdipe » au théâtre des Bouffes du Nord à Paris (France), en 2003.
Au cinéma, il a collaboré avec plusieurs réalisateurs tunisiens et étrangers dont Farid Boughdir, Nouri Bouzid, Chawki El Mejri, Bassel Khatib, Franco Rossi et Serge Moati. Il a participé à une vingtaine de longs métrages dont « La coupe » de Mohamed Damak, « Halfaouine » de Férid Boughedir, « Sabots en or » de Nouri Bouzid, « Chichkhan » de Mahmoud Ben Mahmoud, « No man’s love » de Nidhal Chatta, « Bab el Arch » de Mokhtar Lajimi, « Cinecitta » de Brahim Letaief. Dans la catégorie des courts-métrages, il a notamment participé aux films « Un certain regard » de Khaled Barsaoui et « Clé de sol » de Chawki Mejri.
Les années 80 sont particulièrement fastes pour Fathi Haddaoui à travers la participation dans des œuvres étrangères. Avec l’italien Franco Rossi, il a trois collaborations successives dans « Le mystère » (1986), « Un Bambino di nome Gesù » (1987) et L’attente (1988).
Sur petit écran, Haddaoui était un acteur vedette dans des séries et feuilletons à succès diffusées sur différentes chaines tunisiennes, à l’instar de « Layam Kiferrih » de Slaheddine Essid (1991) et « Naouret Lahwa », diffusée durant deux saisons 2014 et 2015. Il a également joué dans des feuilletons arabes et européens pour des réalisateurs comme de Bassel Al Katib avec « Holako » (1999 et 2002) et « Abou Zid Al-Hilali » (en 2004).
Plusieurs fois primé
Il est primé dans des festivals et manifestations cinématographiques nationales et internationales. A deux reprises, il remporte le prix d’interprétation masculine aux Journées cinématographiques de Carthage (JCC), pour son rôle dans les films « No Man’s Love » de Nidhal Chatta (2002) et « Les Portes du Paradis » de Mokhtar Laajimi (2004).
Il est le lauréat, en 2010, du prix du meilleur réalisateur au Festival des Radios et Télévisions Arabes pour (La Cité du Savoir). En 2013, il remporte le prix du Meilleur acteur au Festival du Film Arabe d’Oran (Algérie).
Le défunt était par ailleurs un habitué de la gestion administrative et artistique dans des manifestations publiques, comme les Journées théâtrales de Carthage (JTC), en 1993, et les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), en 1995. Du 7 Octobre 2011 au 31 mars 2014, il occupe le poste de directeur du Centre Culturel International de Hammamet et président du Festival International de la même ville qu’il dirige durant deux éditions successives (48e et 49e éditions).
Durant les dernières années, il a produit des séries pour enfants et des films documentaires pour le compte de plusieurs chaines de télévision arabes. Il a également était consultant auprès de certaines chaines. Grâce à son talent d’artiste multidisciplinaire, il a pu collaborer avec des réalisateurs de renommée, ce qui le place dans la lignée des artistes les plus célèbres de sa génération à l’échelle nationale et arabe.