Crise Arabie saoudite – Canada : la Tunisie prend position

 Crise Arabie saoudite – Canada : la Tunisie prend position

Rien ne va plus entre Justin Trudeau et Mohamed Ben Salman


La Tunisie a réagi à la grave crise diplomatique en cours entre l’Arabie Saoudite et le Canada sur fond d’atteinte aux droits de l’homme. Bien que tardive, la position tunisienne dénote, de fait, un alignement avec l’Arabie Saoudite.


Via son ministère des Affaires étrangères, la Tunisie est sortie de sa réserve pour réitérer « la nécessité de garder sa neutralité et de ne pas s’ingérer dans les affaires internes du pays tout en respectant leur souveraineté nationale », après avoir affirmé suivre avec préoccupation l’évolution de la situation entre les deux pays.


Comme s’il ne s’agissait pas là d’un texte suffisamment clair sur le biais assumé pro saoudien, le communiqué souligne par la même occasion « les forts liens de fraternité établis entre la Tunisie et l’Arabie saoudite », pour enfin conclure son souhait que les deux pays parviennent à dépasser leur différend.


 


Une diplomatie orthodoxe  


Rappelons que tout avait commencé par un message sur le réseau social Twitter, émis le 3 août dernier, dénonçant la multiplication des emprisonnements de militants dans l’Arabie saoudite, relayé par l’ambassadeur canadien à Ryad. Dans ce tweet, le ministère canadien des Affaires étrangères s’est montré « gravement préoccupé par les arrestations supplémentaires de la société civile et des militants des droits des femmes en Arabie saoudite ».


En guise de représailles, les autorités saoudiennes ont aussitôt gelé les échanges commerciaux avec le Canada, fait transférer des milliers de citoyens et d’étudiants saoudiens installés au Canada vers d’autres pays voisins et procédé à l’expulsion de l’ambassadeur canadien au Royaume.


Poursuivant l’escalade, les saoudiens ont même mis fin aux programmes de traitement médicaux de ses citoyens au Canada, tandis que la compagnie aérienne Saudia a suspendu ses vols à destination de Toronto. Le ministre saoudien des Affaires étrangères a exigé des excuses de la partie canadienne qui a refusé de les présenter. Résolument féministe, la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland a par ailleurs surenchéri en déclarant que le Canada sera « toujours du côté de la défense des droits humains universels ».


Si la Tunisie réagit traditionnellement de façon mesurée à ce type de crises, les prises de positions officielles d’un pays petit par la taille mais grand par le poids symbolique de pays pionnier des révolutions arabes, sont attendues avec intérêt par la communauté internationale.


A 64 ans, l’actuel ministre des Affaires étrangères Khemaies Jhinaoui, vraisemblablement empressé de réagir par son homologue saoudien, n’a pas cru bon tenir compte de cette dimension post révolutions de la donne régionale, et préféré en conservateur ménager prudemment l’allié saoudien, en pleine saison de grands préparatifs au pèlerinage de la Mecque.


 


Seif Soudani