Tunisie. Coup d’envoi de la campagne des élections des Conseils locaux ce samedi

 Tunisie. Coup d’envoi de la campagne des élections des Conseils locaux ce samedi

Farouk Bouasker, en visite d’inspection, vendredi, de l' »unité de contrôle des financements des campagnes électorales » au sein de l’ISIE

Le président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Farouk Bouasker, a affirmé que l’instance est prête pour le démarrage, ce samedi 2 décembre 2023, de la campagne électorale des élections des Conseils locaux du 24 décembre prochain. Mais si l’autorité électorale se dit techniquement fin prête, le climat politique délétère, toujours dominé par le boycott de l’opposition réelle, ainsi que le désintérêt général des Tunisiens, sont autant d’éléments qui laissent augurer d’un taux de participation extrêmement faible.  

En marge d’une visite au Centre de contrôle de la campagne électorale aujourd’hui, Bouasker a indiqué que la campagne se déroulera principalement dans les secteurs territoriaux (imadas), « où les candidats seront en contact direct avec les électeurs ». Les élections locales sont « particulières », a-t-il ajouté, « dans la mesure où il n’y aura pas cette fois de grandes campagnes dans les médias ni de financements massifs, les candidats devront compter en somme sur le soutien des habitants de leurs imadas ».

En apparence anodine, cette phrase est aussitôt fustigée par l’opposition comme étant un signe d’allégeance à Carthage. Car en soi, sous forme de constat ou de lapalissade, l’affirmation fait en réalité écho au chambardement voulu personnellement par le président Kais Saïed, qui avait dissout dès mars 2023 les Conseils municipaux considérés comme le legs institutionnel de l’avant coup de force constitutionnel de juillet 2021, au nom de « l’assainissement de la vie politique ».

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Pour le think-tank Middle East institute qui consacrait en novembre dernier un dossier à cette échéance électorale clé, intitulée « Comment la « structure ascendante » renforcera le règne d’un seul homme », allusion au crédo idéologique désormais au grand jour du président Saïed dit de la restructuration ascendante ou par le bas de la société (« al-binaa al-qaïdi »), cette décentralisation théorique au profit d’un tissu d’élus de proximité représentés par une deuxième chambre parlementaire cacherait une consolidation d’un pouvoir autocrate et centralisé.

 

Pas d’observateurs étrangers sur le terrain

Du reste, en septembre 2023, le chef de l’Etat avait décrété que « si les étrangers peuvent suivre les élections en tant que simples observateurs, ils ne peuvent venir en Tunisie pour les superviser, car seul le peuple tunisien peut désormais superviser les scrutins », et que par conséquent « les prochaines élections dans le pays ne peuvent être qu’intègres et transparentes ».

A cet égard, Farouk Bouasker a précisé que les agents de terrain de l’ISIE, « qui ont été formés sur les règles de la campagne électorale », seront déployés dans toutes les circonscriptions électorales pour contrôler les activités des candidats dans le cadre de la campagne. Une ISIE dont les sept membres qui sont pour rappel dorénavant nommés par le président Saïed lui-même.

Bouasker a par ailleurs évoqué le rôle important à présent confié au Centre de contrôle de la campagne électorale. Une entité censée garantir l’équité médiatique, composée de plusieurs unités de monitoring dotées de technologies avancées « facilitant aux agents le contrôle, à toute heure, les activités des candidats qui ont été couvertes par les médias, tous supports confondus, y compris les réseaux sociaux », a-t-il expliqué, tout en promettant des sanctions en cas de dépassements.

Les élections locales qui auront lieu 24 décembre courant dans 2155 circonscriptions pour élire 279 Conseils, constituent une première pierre à l’édifice en vue de la mise en place du Conseil national des régions et des districts, sorte de chambre haute, conformément à la nouvelle Constitution de 2022.

 

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