Coup d’envoi des Journées Poétiques de Carthage
Tunis – C’est au lendemain de l’inauguration de l’imposante Cité de la culture, Avenue Mohamed V, qu’a eu lieu hier soir jeudi en son enceinte le coup d’envoi des Journées poétiques de Carthage. Une concomitance en soi révélatrice des ambitions des « JPC » : l’évènement à vocation internationale se veut en effet aussi prestigieux que les jadis biannuelles Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ou encore les Journées théâtrales de Carthage (JTC), transposées à un versant du cinquième art tout sauf mineur, même en 2018.
« Célébrons la poésie, célébrons la vie ! », c’est sous le signe de ce slogan simple et festif à la fois qu’une Cité de la culture, encore parée des ornements de son inauguration la veille par les trois présidences, a accueilli la toute première édition des Journées poétiques de Carthage qui se tiendront du 22 au 31 mars, présidé par la poétesse Jamila Mejri, avec à la clé les distinctions et récompenses des lauréats d’un genre littéraire que d’aucuns disent en perte de vitesse à l’heure du tout numérique.
En guise de prélude à la cérémonie inaugurale, les festivités ont débuté à la mi-journée Avenue Bourguiba, à la façon des JCC et des JTC qui font chaque année vivre le cœur de la capitale à leur rythme, avec des tentes dressées à-même l’Avenue où se déroulaient divers récitals. Une foule d’inconditionnels de la poésie ont bravé une météo de fin d’hiver capricieuse pour assister, curieuse, à cette mise en bouche.
Rendre ses lettres de noblesse à la poésie arabe et internationale
Organisées à l’initiative de l’Etablissement national pour la promotion des Festivals et des manifestations culturelles et artistiques, un organisme qui dépend du ministère des Affaires culturelles, les Journées se sont ouvertes par une communion des arts avec un spectacle scénique intitulé “Nawar leklem”, d’après une dramaturgie, une chorégraphie et une mise en scène d’Abdelkader Ben Said.
Plusieurs grandes figures de la poésie tunisienne, dont Moncef Ouheibi qui a ouvert le bal des récitals hier soir, Ahmed Guebsi, Adem Fethi, Moncef Mezghenni, Youssef Rzougua, y sont attendues, mais aussi du Liban dont Chawki Beziî, d’Arabie Saoudite via la poétesse Achjène Hindi, du Soudan, d’Egypte, de Palestine, d’Espagne et d’Amérique Latine.
A la manière de de la Foire du livre, l’évènement se veut aussi riche en contenus : outre les séances de lectures poétiques, le programme comporte plusieurs conférences – débats au sujet de thèmes divers dont “La poésie et la question de la traduction”, “l’évolution du poème arabe”, “la poésie et les médias”, etc.
La programmation inclue par ailleurs des workshops variés qui seront consacrés aux oeuvres notamment des illustres Abou El Kacem Chebbi, Mahmoud Darwish, Nizar Kabbani, Mnaouar Smadeh, Charles Beaudelaire et Badr Chaker Sayeb, ainsi que qu’un hommage à feu Seghaier Ouled Ahmed, décédé il y a tout juste deux ans.
Autre hommage, un concours du manuscrit des jeunes poètes rendra par son nom hommage au poète et écrivain tunisien Jaâfer Majed (1940-2009), initiateur de la revue littéraire "Rihab El Maârifa" et auteur de plusieurs recueils célébrant Kairouan, sa ville natale.
Le slam sera enfin également à l’honneur, via un event mis en scène par Essia Jaïbi et dirigé par l’acteur Majd Mastoura, instigateur dès 2012 de « Street Poetry », célébration urbaine de ce genre poétique moderne qui emprunte aux cultures hip hop et à la littérature d’expression dialectale tunisienne.
Seif Soudani