Contestation anti projet de loi de réconciliation : le bras de fer continue

 Contestation anti projet de loi de réconciliation : le bras de fer continue


Les forces de l’ordre ont à nouveau durement réprimé hier jeudi ce qui était censé être le deuxième round des manifestations pacifiques anti projet de loi de réconciliation économique devant le théâtre municipal de Tunis. Cette fois des députés de l’opposition ont été brutalement bousculés. Nous avons recueilli le témoignage de plusieurs manifestants.




 


Bravant les pluies d’un orage d’été, le rassemblement commençait en avance sur l’horaire prévu en fin de journée, mais est très vite quadrillé par les véhicules de la police anti émeutes : des barrières ont été installés en forme de carré afin de circonscrire la foule compacte des sit-inneurs. Cela suffisait à la contenir, mais après quelques minutes de speech des meneurs, un capitaine de police décide d’en découdre, se fraye un chemin dans les escaliers du théâtre, et intime l’ordre à ses hommes de disperser manu militari les manifestants un à un.


La provocation dégénère en présence notamment des élus M’barka Aouinia Brahmi, Zouheir Hamdi, Ahmed Seddik et Jilani Hammami du Front populaire, malmenés.


 


Harcèlement policier


« Je n’avais plus vu un tel déferlement de violences policières depuis 2011 », affirme Ghassen Marzouki, jeune médecin, membre du conseil national du CPR. Contacté par le Courrier de l’Atlas, l’activiste Azyz Amami affirmé qu’il a d’abord été « frappé, arrêté, amené à l’intérieur d’un fourgon », « puis ils ont essayé de m'interdire Wissem Sghaier (membre du bureau exécutif al Jomhouri, ndlr) et moi d'accéder à la manifestation. Plus tard nouvelle arrestation dans la nuit », poursuit-il.


La Ligue tunisienne des droits de l’homme a indiqué dans un communiqué qu’une enquête sera ouverte sur les agressions policières, d’autant que, d’après ses dirigeants, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur chargé de la Sécurité, Rafik Chelli, a autorisé au téléphone cette manifestation.


Une commission d’enquête parlementaire avait déjà été constituée pour enquêter sur les bavures policières de la première manif du 1er septembre contre le projet de loi de réconciliation économique Place Mohamed Ali.


Selon une certaine fuite en avant, une partie de la presse dite « jaune » poursuit dans la défense de la répression, avançant diverses théories du complot sur une supposée « infiltration des manifestants par des éléments radicaux » ou perturbateurs, tandis que de plus en plus de figure nationales, à l’instar de Mansour Moalla, sortent de leur silence pour fustiger l’implication polémique de la présidence de la République dans une aventure aux retombées économiques incertaines.


Reprenant la franchise « Manich Msamah » (« Je ne pardonnerai pas »), des manifestations sont prévues dans plusieurs villes du pays les 5, 9, 7 et 15 septembre prochains.


 


Seif Soudani