Confusion autour d’une monnaie numérique, la BCT répond
La Banque centrale de Tunisie (BCT) dément sur son site web les rumeurs portant sur l’adoption d’une solution de « monnaie électronique nationale », le « U-dinar », tout comme son engagement avec une société étrangère pour la mise en place d’une telle solution. Explications.
Faute d’une économie forte et non protectionniste permettant la convertibilité du dinar sur le marché du change, le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC) tunisien continue de pâtir d’une situation qui le pénalise tout particulièrement.
En mai 2015, un compromis avait permis d’aboutir à une minuscule avancée : « la carte technologique », qui autorise certaines entreprises et développeurs à effectuer des achats en devises ne dépassant pas un plafond assez dérisoire de mille dinars pour les personnes physiques, et de dix mille dinars pour les personnes morales résidentes en Tunisie, par an, transférables en une ou plusieurs fois.
Depuis, plusieurs tentatives d’accord avec le géant du paiement en ligne Paypal se sont soldées par des échecs, notamment en octobre 2018, si bien que la solution à cette impasse est plus récemment devenue une promesse en vogue de campagne électorale.
Les cafouillages autour des possibilités de contournement de cette situation, mais aussi de l’essor des cryptomonnaies en Tunisie, ont été à la source d’une rumeur persistante ce mois-ci, certains médias annonçant même l’information selon laquelle la Tunisie serait bientôt pionnière dans l’émission d’une monnaie numérique.
Clarifications de la BCT
La Banque centrale tunisienne a donc tenu à préciser le 12 novembre, dans le cadre d’une réflexion autour de la digitalisation de l’économie et les moyens de paiement, qu’elle n’est actuellement qu’au stade de l’examen de « toutes les alternatives existantes, dont le CBDC (Central Bank Digital Currency) ». Toutefois, cette alternative demeure encore dans sa phase de la réflexion, précise la banque.
Si la BCT se penche actuellement en effet sur la digitalisation de la finance, c’est ainsi uniquement dans sa dimension monétique numérique et non celle portant sur la crypto-monnaie. Ses services sont en passe d’étudier « les opportunités et les risques inhérents à ces nouvelles technologies, notamment en matière de cyber sécurité et de stabilité financière ».
La banque insiste par conséquent dans un communiqué sur le fait qu’elle n’a engagé aucune relation, de quelques natures soient-elles, avec un quelconque prestataire national ou étranger dans l’objectif de créer une monnaie numérique.
Au commencement de la rumeur
Dans le cadre du dernier évènement du FOREX Club Tunisie – association indépendante de la BCT – et en guise d’encouragement aux jeunes startupers tunisiens, les participants à cet événement ont assisté à une démonstration de faisabilité technique d’une solution théorique d’une monnaie numérique, initiée par une startup privée, n’ayant aucune relation morale ou contractuelle avec la BCT.
C’est donc cet essai de POC dans le jargon de la finance (proof of concept), qui a donc été sorti de son contexte, confondu avec une opération de marketing où le nom de la BCT a été indûment utilisé. L’institut d’émission rappelle enfin que seuls ses représentants officiels sont habilités à parler en son nom et de sa position officielle quant à l’adoption desdites technologies.
La BCT, qui s’apprête à lancer début 2020 son « BCT Lab » et sa « Sandbox », se veut optimiste en se disant « ouverte à toutes les innovations technologiques dans le domaine bancaire et financier ». En attendant, les startups tunisiennes restent souvent cantonnées aux limites du marché local.