Conclusions mitigées après une mission du FMI en Tunisie
A l‘issue d’un séjour de deux semaines, une mission du FMI a diffusé dans la soirée du vendredi 11 octobre, un communiqué. Ce communiqué reflète les impressions des membres de la mission mais n’engage pas le FMI. Seules les décisions du conseil d’administration engagent le Fonds monétaire. Mais il donne une idée de l’atmosphère générale.
A en juger donc par le ton du communiqué, il y a eu quelques progrès (diplomatiquement, le FMI évoque "de bons" progrès). Mais les discussions vont se poursuivre au sujet des réformes économiques clés. Ceci signifie une seule chose : les deux parties n’ont pas trouvé d’accord sur des réformes. Le désaccord actuel peut simplement porter sur un calendrier de réformes.
La mission du FMI apporte une information intéressante : "À court terme, les priorités visent à contenir la dette publique en Tunisie qui dépasse désormais 60% du PIB". En cinq ans, la dette publique a explosé, entre autres à cause du déficit budgétaire.
Cette mission dirigée par Björn Rother, a visité Tunis du 28 Octobre au 10 Novembre 2016, pour discuter des priorités de la politique de la première revue du programme économique de la Tunisie soutenu par un accord au titre du Mécanisme élargi de crédit de quatre ans (FEP ). L’arrangement, signé le 20 mai 2016, portait sur une enveloppe de 2,9 milliards de dollars.
Le premier décaissement, immédiat, portait sur 227 millions de dollars. Le reste est échelonné sur 8 échéances, chacune espacées de six mois. Tous les six mois, une revue de l’économie tunisienne est effectuée par une mission du FMI. La mission qui vient de quitter le pays effectuait la première revue.
Son rapport conditionne donc le second décaissement.
Les conclusions provisoires et préliminaires de cette mission sont les suivantes :
– Satisfecit concernant l’adoption du code des investissements et des plans de restructuration des banques publiques.
– Les priorités de réforme à court terme visent à contenir l’augmentation rapide de la dette publique, qui dépasse 60 pour cent du PIB, et à jeter les bases d’une croissance durable améliorant les conditions de vie de tous les Tunisiens.
– Parmi ces réformes, il convient notamment de citer: l’adoption d’une loi de finances 2017 qui augmente l’enveloppe des investissements publics et maintient le déficit global et les dépenses courantes à des niveaux viables, l’élaboration des mesures fiscales à moyen terme, et l’approbation d’une stratégie globale de réforme de la fonction publique afin de renforcer la disponibilité, la qualité et l’efficience des services rendus aux citoyens.
“Dans les semaines à venir, l’équipe poursuivra ses discussions avec les autorités sur l’ensemble de ces questions depuis Washington“, ce qui signifie en toute logique qu’il n’y aura pas de décaissement tant qu’un accord sur les derniers points n’a pas été trouvé.
En d’autres termes, les réformes n’avancent pas assez vite aux yeux du FMI.
Hella Lahbib