Comparution immédiate pour avoir tagué la statue de Bourguiba
Le responsable syndicaliste étudiant Ghassen Bouazzi comparait aujourd’hui mercredi devant un juge du Tribunal de première instance de Tunis, pour avoir tagué la statue de Bourguiba avec le slogan « Renvoie ton fils à la maison, et ton gendre aussi », allusions respectives au fils du président Béhi Caïd Essebsi et à Youssef Chahed qui vient d’être officiellement chargé de former un gouvernement, apprend-on. D’autres jeunes sont poursuivis pour des faits similaires.
Un acte anarchiste courageux et assumé
La veille, le chef de l’UGET a écrit : « Le choix de la statue d’Habib Bourguiba dans la capitale était délibéré, pour que parvienne aux mafias au pouvoir un message rempli de symboles. Ainsi même les esprits de ceux qui ont fait de Bourguiba une référence au travers de laquelle ils entendent défendre la République ne peuvent ignorer le message. En arrivant au pouvoir, ils ont pactisé avec les ennemis de la République et permis à leurs familles de s’ingérer dans l’intérêt national et les affaires de l’Etat.
Demain je comparais devant le procureur de la République pour avoir exercé ma liberté d’expression et de protestation, en tant que représentant d’une organisation auréolée d’une longue tradition de défense des fondement et des valeurs de la République et de la démocratie ».
Mobilisés pour se faire entendre ce matin mercredi aux abords du tribunal, les jeunes camarades de Ghassen Bouazzi et de son compagnon d’armes Hamza Nasri n’en démordent pas et promettent une escalade.
Au pied de la statue, un débat véhément s’ouvre spontanément entre passants : « Quel gâchis, ça ne s’efface pas c’est du marbre, ils ne savent qu’entretenir le désordre ! », « Cette statue imposée ici-même, c’est cela le désordre en soi ! », répond un jeune.
Dans la nuit de mardi à mercredi 3 août, c’est l’activiste Lina Ben Mhenni qui a renoué avec les arrestations, ce qui rappelle à certains l’époque pré révolution. Alors qu’elle distribuait des tracts avec Khalil Lahbibi, lui aussi militant engagé dans la campagne « Manich Msamah » contre le projet de loi de réconciliation économique, elle a été interpelée par des policiers qui l’ont gardée à vue jusqu’au lendemain. « A moins de lire dans ses pensées, ils n’ont aucune preuve qu’elle avait l’intention de distribuer ces papiers », affirme son père l’ancien opposant perspectiviste Sadok Ben Mhenni.
Avant cela, la blogueuse Salwa Ayari a été quant à elle incarcérée le 1er août dans la prison civile de la Manouba, un mandat de dépôt a été émis contre elle pour « outrage au président de la République ». Selon son avocat Samir Ben Amor, la jeune femme rentrait au pays passer des vacances. En passant devant le Palais présidentiel, elle a subi un contrôle houleux qui a résulté directement en une arrestation.
Si l’étau se resserre contre l’activisme virtuel et physique, il y a fort à parier que la fraîche nomination de Youssef Chahed, un proche du président, ne fera par sa violence procédurale qu’attiser davantage les protestations de la rue tunisienne.
S.S