Climat social tendu et grève générale
Le secrétaire général de l’UGTT Houcine Abassi s’est exprimé hier jeudi 24 novembre pour éclaircir une situation confuse concernant la grève annoncée pour le 8 décembre prochain. Si la fonction publique est la seule concernée par cette échéance, des professions libérales comptent bien faire entendre leurs voix également, avant cette date. Un casse-tête pour le pouvoir exécutif en ce timing précis d’avant conférence internationale de l’investissement.
« Le comité administratif a pris la décision de décréter une grève générale le 8 décembre 2016. Cette grève concernera seulement la fonction publique. En ce qui concerne le secteur privé, les discussions n’ont pas encore abouti et donc la date de la grève n’a pas encore été fixée, on est néanmoins tombés d’accord sur le principe de faire grève dans le cas où le gouvernement refuserait de respecter les accords signés et publiés dans le journal officiel » a déclaré Houcine Abassi, avant de conclure : « Ces accords signés feront l’objet de débats sectoriels et concerneront les années 2016 et 2017 ».
Ainsi donc, ni les tentatives de compromis du chef de gouvernement Youssef Chahed, qui avait proposé de conditionner les augmentations salariales au chiffres de la croissance au 4ème trimestre, ni les assurances du président Béji Caïd Essebsi qu’un terrain d’entente sera trouvé avec la centrale syndicale, n’auront été concrétisées.
Nobélisé en 2015 et signataire du « Pacte de Carthage » qui a valeur de feuille de route, et considéré depuis par le pouvoir actuel comme quasi partenaire dans la gouvernance, l’UGTT n’en est pas pour autant domestiqué, et renoue avec la radicalité avec l’annonce de cette deuxième grève générale depuis la révolution.
Mais si l’UGTT de Abbassi a pris soin de décaler la date de cette grève une semaine après la conférence Tunisia 2020 aux énormes enjeux politico-financiers, d’autres n’ont aucun scrupule à perturber l’évènement.
Tunis sans taxis du 28 au 30 novembre
Il s’agit de la deuxième grève du genre en moins d’un mois… Après un mémorable « black Monday » le 31 octobre dernier, les chauffeurs de taxis individuels annoncent une grève du 28 au 30 novembre dans la région du Grand-Tunis.
« Les dates n’ont pas été choisies par hasard, nous voulons faire pression, c’est notre dernier recours car elles coïncident avec la Conférence internationale sur l’investissement, prévues les 29 et 30 novembre à Gammarth, au nord de Tunis ainsi qu’au palais des congrès… », nous confirme un propriétaire de taxi tunisois. Autant dire que la paralysie qui en résulterait serait un cauchemar pour les autorités et les organisateurs de la conférence.
Ridha Ben Belgacem, porte-parole de l’Union nationale des taxis individuels, a précisé que des chauffeurs de taxis observeront également un sit-in dans 12 autres gouvernorats du pays.
« Une réunion avec le ministère du Transport sera organisée pour étudier la question des amendes et contraventions » infligées aux chauffeurs de taxi et que ces derniers considèrent disproportionnées par rapport à leurs revenus (de 60 à 1000dt), a ajouté le syndicaliste.
Dans la bataille qui l’oppose à la loi de finances 2017 et la fiscalité réformée de certains métiers libéraux, le conseil de l’ordre des avocats annonce par ailleurs dans un communiqué une grève générale dans l’ensemble des tribunaux, qui a commencé mercredi, avec la « possibilité de la maintenir ouverte selon l’évolution de la situation ».
Autre sit-in enfin, aujourd'hui vendredi à 15h30, Avenue Habib Bourguiba, des jeunes tunisiens sont rassemblés avec pour slogan « Non à l'impunité », à l’initiative de l’ONG I-Watch. « L'onde de choc des auditions publiques doit se poursuivre dans la rue » affirme une manifestante, allusion à la prise de conscience généralisée chez l’opinion publique au lendemain des premières séances d’audition publiques des victimes du despotisme.
S.S