Blocus de l’Avenue Bourguiba : les autorités choisissent le durcissement sécuritaire
Le ministère de l’Intérieur a décidé d’interdire la circulation de tout type de véhicules à l’Avenue Habib Bourguiba « pour des raisons de sécurité » a annoncé le 8 septembre le ministère de l’Intérieur. « Les bonnes vieilles méthodes de 2011 », commentent certains observateurs, allusion aux recettes éculées du bénalisme.
La circulation sera interdite à partir de mercredi 9 septembre à 06h00 jusqu’à lundi 14 septembre 2015 sur le tronçon allant de Place de l’Indépendance jusqu’à la Place de la Révolution du 14 janvier, précise le ministère dans un communiqué. Or, il s’agit précisément de l’itinéraire prévu par la marche nationale contre le projet de loi de réconciliation économique, évoquée lundi dans nos colonnes, prévue pour le 12 septembre courant.
Les usagers de la route sont invités à emprunter l’Avenue Mohamed V, la route Z4 et l’avenue Moncef Bey pour accéder au centre-ville. Le ministère de l’Intérieur avait déjà interdit la circulation à l’Avenue Habib Bourguiba depuis vendredi dernier jusqu’à hier lundi.
Une mystérieuse source se déclarant comme « haut responsable au département de l’Intérieur » avait déjà fait part dimanche dernier à l’agence TAP de « menaces terroristes par des voitures piégées et de ceintures explosives ciblant des sites vitaux dans la capitale ». « Plutôt commode comme joker cette menace terroriste à la carte que l’on nous sert au besoin », rétorque indigné l’un des organisateur de la manif de samedi prochain.
Le ministère ajoute que la décision de fermer à la circulation l’Avenue Habib Bourguiba et de certaines rues adjacentes est « une mesure préventive pour éviter l’infiltration de véhicules ou d’individus suspects ».
Politiquement, le gouvernement Essid semble en réalité débordé par une rentrée sociale extrêmement chargée, avec un sus des manifestations tous azimuts en région contre la loi de réconciliation, la grogne des instituteurs dont le syndicat UGTT menace désormais de bloquer la rentrée scolaire.
Conscients de leurs droits, les activistes, y compris les plus jeunes d’entre eux, évoquent comme mot d’ordre le droit constitutionnel imprescriptible de manifester, en vertu de l’article 37 de la Constitution qui stipule que « la liberté de rassemblement et de manifestations pacifiques est garantie. »
S.S