Béji Caïd Essebsi : « Ennahdha me menace ! »

 Béji Caïd Essebsi : « Ennahdha me menace ! »

Atmosphère tendue jeudi 29 novembre au Conseil national de sûreté (CNS)


Le ton est brusquement monté d’un cran aujourd’hui entre le président de la République et le parti à référentiel islamiste tunisien. En ouverture du Conseil de la sûreté nationale qu’il préside, Béji Caïd Essebsi, qui fête aujourd’hui ses 92 ans, a mis en garde Ennahdha contre toute tentative d’intimidation à son égard. Explications.



 


« Il est de mon devoir d’accueillir au Palais quiconque sollicitant une entrevue avec moi », s’est d’abord justifié le chef de l’Etat qui avait reçu le 26 novembre courant une délégation représentant le comité de défense des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.     


Le même jour, la réaction du parti islamiste tunisien (tenu pour responsable par les avocats de Belaïd Et Brahmi de l’assassinat de ces derniers) ne s’est pas faite attendre : Ennahdha publiait un communiqué titré : « Ennahdha avertit contre la gravité de l’ingérence de l’institution de la présidence de la République en vue d’outrepasser l’indépendance de la Justice », estimant que la rencontre revêtait un caractère éminemment politique, au moment où une instruction est en cours sur le présumé appareil paramilitaire secret d’Ennahdha, appareil dont l’existence est « mensongère » selon les leaders du parti islamiste.       


 


Une escalade inédite


Dans son allocution filmée, Béji Caïd Essebsi considère que les arguments présentés par le comité de défense des martyrs Belaïd et Brahmi sont « suffisamment crédibles et raisonnables » et que les membres du comité en visite au Palais de Carthage ont présenté les preuves de ce qu’ils avançaient, contenues dans un imposant dossier physique qu’il a pris soin de montrer à la caméra.


Par conséquent, le président de la République a estimé que les faits présentés ne peuvent dès lors pas être ignorés, assurant que « sa conscience est tranquille » face aux décisions prises récemment.


Revenant sur le communiqué de ses anciens alliés d’Ennahdha, le chef de l’Etat l’a considéré comme une menace le visant personnellement. « S’ils croient que je n’en dors pas la nuit, ils se foutent le doigt dans l’œil ! », a-t-il surenchéri, dans son style narquois caractéristique, en élevant la voix et en agitant à son tour un doigt menaçant. « Quoi qu’il en soit, l’affaire devra suivre son cours devant la Justice », a-t-il conclu.


Selon le site de la présidence de la République, la réunion, à laquelle prennent part comme à chaque Conseil les ministres de l’Intérieur et de la Défense ainsi que le chef du gouvernement, a débattu des données présentées par le comité de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Il a été également question d’accélérer l’examen du projet de loi fondamentale sur l’état d’urgence par l’Assemblée des représentants du peuple.


Le Conseil a examiné, en outre, le projet de loi fondamentale sur le renseignement ainsi que le projet de loi fondamentale sur le service civil. Deux projets de loi qui seront prochainement soumis au conseil des ministres.