BCE : des vœux 2019 éminemment politiques
Dans une allocution vidéo diffusée dans la nuit de dimanche à lundi, le président de la République Béji Caïd Essebsi a présenté aux Tunisiens ses vœux du nouvel an, tout en parsemant son discours de messages politiques plus ou moins explicites.
Ainsi pour le président nonagénaire qui entame sa cinquième et dernière année de mandat à Carthage, l’année 2019 a vocation à être accueillie avec « beaucoup d’enthousiasme mais aussi d’un sens des responsabilités », dans la mesure où il s’agit pour lui d’une année « décisive », « une année électorale par excellence ».
Le ton est donné !
Point de répit donc en cette année où « BCE », qui fêtera ses 93 ans, n’exclut pas de se représenter à la présidentielle. Décidément focalisé sur les deuxièmes échéances électorales des législatives et de la présidentielle depuis la nouvelle Constitution, attendues respectivement pour octobre et novembre 2019, le chef de l’Etat a mis l’accent sur l’importance de « réunir toutes les conditions propices pour la tenue de cet événement majeur dans les meilleurs conditions ».
Une façon sans doute de répondre aux rumeurs persistantes concernant un éventuel report desdites élections pour des raisons sécuritaires voire institutionnelles, en l’absence d’une Cour constitutionnelle, entité autrement plus habilitée que le Tribunal administratif à résoudre certains litiges électoraux, mais qui tarde à voir le jour.
« Tout le monde doit être convaincu que le processus démocratique est irréversible », a notamment tenu à rassurer le président Caïd Essebsi, tout en appelant à une participation massive des Tunisiens à la prochaine élection présidentielle et aux législatives, véritable bascule du pouvoir dans le nouveau régime mixte qui régit le pays.
Hier mardi, le fils du président de la République et numéro 1 de Nidaa Tunis, Hafedh Caïd Essebsi, a été encore plus loquace via sa page Facebook quant aux enjeux que se fixe le parti présidentiel pour l’année 2019, dont un premier congrès électif prévu pour mars 2019.
Désormais dépourvu de toute langue de bois, il a ouvertement accusé ce qu’il a qualifié de « nouvelle troïka » composant l’actuel gouvernement de coalition (les islamistes d’Ennahdha, le bloc démocratique et le futur parti politique de Youssef Chahed) d’« escroquerie » consistant à passer outre les résultats des élections de 2014.
Lundi 1er janvier, la présidence de la République n’a communiqué aucune information sur la remise du rapport final de l’instance Vérité et Dignité au Palais, une fin de non-recevoir interprétée par certains commentateurs comme le signe que l’exécutif ne reconnaît plus cette instance minée par les conflits internes et en retard sur son calendrier légal.
Seif Soudani