Baromètre politique : la Tunisie toujours aussi polarisée

 Baromètre politique : la Tunisie toujours aussi polarisée

Hassen Zargouni


Selon un sondage d’opinion Sigma Conseil publié jeudi 6 octobre, près de deux tiers des Tunisiens (62,2%) seraient satisfaits du rendement du nouveau chef du gouvernement Youssef Chahed contre 24,4% des personnes qui se déclarent « non satisfaits », un peu plus d’1 mois après son entrée en fonction, tandis que près d’un tiers des Tunisiens (32%) font désormais confiance à l’irrévérencieuse députée d’opposition Samia Abbou.




 


Selon Hassen Zargouni PDG de l’institut « les Tunisiens demandent encore de voir des mesures concrètes pour donner leur confiance au gouvernement et aux partis politiques ». Pourtant, à y regarder de plus près, beaucoup de sondés n’ont visiblement pas attendu du concret avant de se prêter à un quasi plébiscite.


Selon le même sondage, 55,3% des Tunisiens se disent satisfaits du travail du président de la République, Béji Caied Essebsi contre 44,1% de non satisfaits, ce qui tend à montrer que les crises à répétition du parti présidentiel Nidaa n’ont pas encore gravement nuit à l’image du président, pourtant indirectement mêlé aux luttes partisanes à travers son propre fils.  




Le sondage a indiqué que le taux des satisfaits du rendement du jeune chef du gouvernement Youssef Chahed (41 ans) a atteint pour le mois de septembre 62,2%, pour 24,4% seulement de non satisfaits. Une proportion de « satisfaits » au bout d’un petit mois d’exercice du pouvoir, qui prouve à quel point la perception de nos hommes politiques peut être irrationnelle et sensible à l’art de la communication.  


 


L’opposition radicale progresse rapidement


Autre valeur montante Nidaa, 43% des personnes interrogées font confiance au sémillant Néji Jalloul, cependant 32% disent faire confiance à la turbulente Samia Abbou, une percée impressionnante pour cette dame de fer de l’hémicycle, ne disposant pas de l’appui d’un grand parti. Ainsi 42% « souhaitent que Néji Jalloul joue un rôle dans la vie politique », contre 31% pour Samia Abbou, un duo à suivre de près dans les mois qui suivent.


Concernant les sans cesse repoussées prochaines élections municipales, le même sondage révèle que 26% des intentions iraient aujourd’hui à Nidaa Tounes contre 19.9% pour Ennahdha, un adversaire d’hier qui pourrait faire liste commune avec Nidaa selon les leaders des deux partis, quoique les rapports se tendent à nouveau ces dernières heures entre « les deux cheikhs »


L’outsider de gauche Front populaire stagne toujours à 9.5%, suivi de près par Harak Tounes Alirada de Moncef Marzouki avec 9%. A eux deux, ces partis feraient autant qu’Ennahdha, ce qui montre la bonne santé du pluralisme tunisien, malgré la dispersion de l’opposition. L’écart se creuse en revanche entre le top 5 et le reste des partis, Afek Tounes (néolibéralisme) n’obtenant que 4.9% des intentions, suivi de l’UPL à 3%.


Globalement le sondage a aussi montré qu’un pourcentage relativement élevé de femmes (19.4%) et de personnes âgées (18.4%) voterait pour Nidaa Tounes aux municipales. Ce qui en dit long sur l’ambivalence du modèle sociétal tunisien, les populations votant en Occident majoritairement à droite (« troisième âge ») votent en Tunisien pour la préservation du mode de vie dit moderniste et pour le « libéralisme libertaire », avec néanmoins une composante identitaire conservatrice.




S’agissant des institutions du pays, 86,9% des tunisiens font confiance à l'armée nationale, qui a toujours le vent en poupe depuis la révolution, contre 48,8% à la police, 18,1% aux organisations de la société civile.


 


S.S