Attentats du Bardo : 1 an après, l’enquête piétine
La disjonction du dossier relatif à l’attaque du Musée du Bardo est « très probable » au vu des exigences de l’instruction, a déclaré vendredi 18 mars Kamel Barbouche, porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis et du Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme. En ce jour de commémoration de la tragédie, l’heure est davantage au recueillement qu’aux bilans glorieux en matière d’antiterrorisme. Au total, 23 personnes avaient été arrêtées.
Il sera difficile de terminer la procédure en ce qui concerne les inculpés dans cette affaire dont la période de détention préventive doit expirer dans deux mois, a argumenté Kamel Barbouche. Le porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis a donc reconnu que le juge d’instruction en charge de l’affaire n’a pas clos l’enquête qui revêt un caractère « délicat ». Il a expliqué que le juge d’instruction peut cependant, en vertu de la loi n°2008-75 du 11 décembre 2008, disjoindre le dossier pour poursuivre l’enquête.
Selon ledit article « le juge d’instruction peut, lorsque la procédure est terminée en ce qui concerne l’inculpé auquel les faits imputés constituent un délit ou une contravention, disjoindre le dossier et le communiquer au procureur de la République pour déposer ses réquisitions écrites sans que cela n’empêche la poursuite de la procédure concernant les autres inculpés auxquels sont imputés des faits qui constituent de par la loi un crime ». Une procédure facilitée par la nouvelle loi antiterroriste votée fin 2015.
L’affaire n’a pas été transférée au ministère public car l’enquête est inachevée, a indiqué néanmoins le porte-parole, rappelant que la durée maximale de la détention préventive (article 85 du code de procédure pénale) est fixée en Tunisie à un an et 4 mois à l’issue de laquelle une mise en liberté des suspects est automatiquement ordonnée.
Pour rappel, l’attaque terroriste par deux djihadistes de l’Etat Islamique avait ciblé le Musée du Bardo le 18 mars 2015 faisant 22 morts et des dizaines de blessés dont pour la plupart des étrangers. Pour commémorer la tragique attaque, des artistes ont confectionné une fresque en mosaïque romaine (photo ci-dessus).
Présumé commanditaire de l’attaque du Bardo, le prédicateur Mohamed Amine Guebli avait été libéré dès août 2015. « Une scandaleuse bévue » selon le juge Ahmed Rahmouni qui avait dénoncé l’empressement de l’ancien ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli à verser dans l’effet d’annonce, qui avait résulté en des faits de torture sur plusieurs personnes arrêtées à tort.
S.S