Attaque du Bardo : l’ensemble des suspects ont été relâchés

 Attaque du Bardo : l’ensemble des suspects ont été relâchés

Abords du Musée du Bardo


Dans la nuit de mercredi à jeudi 6 août, neuf suspects ont été relâchés après plus de quatre mois d’enquête dans l’un des deux attentats les plus meurtriers de l’histoire du pays, celui du 18 mars 2015 au Bardo. Parmi eux, Mohamed Amine Kebli (25 ans), le présumé « cerveau de l’attaque du musée », selon le ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli qui était donc allé un peu vite en besogne. 




 


Ce dernier avait en effet fièrement annoncé dès le 26 mars dernier lors d’une conférence de presse tenue au QG des brigades d’intervention que « le premier responsable ayant supervisé l’attaque est Mohamed Amine Kebli, en état d’arrestation », ajoutant qu’il avait « agi sur ordre de Lokman Abou Sakhr, l’un des chefs d’Aqmi, abattu depuis.


Selon nos sources, les détenus relâchés sur ordre du juge d’instruction le 5 août sont une femme et huit hommes âgés de 20 à 35 ans. Tous sont originaires du même quartier d’al Omrane supérieur. Kebli, connu par les services pour des faits de délinquance, était un récent converti au salafisme, « depuis deux ans » selon ses proches.


 


Une "cellule" qui n'en était pas une


Le magistrat a acquis la certitude qu’en l’absence de preuves, des procès-verbaux et des aveux avaient été arrachés suite à de mauvais traitements, selon l’avocat de la défense Me Oulad Ali.


Des voix s’élèvent pour exiger d’établir les responsabilités dans ce que certains qualifient de fiasco politico-judiciaire, dont le parti al Binaa qui s’interroge ironiquement « qui devra démissionner, le juge d’instruction ou le ministre de l’Intérieur ? », allusion à la culture du chiffre qui exigeait des résultats au lendemain de l’attaque.


Selon un rapport de Scotland Yard révélé hier 5 août, l’attaque du 18 mars qui avait fait 22 morts dont une ressortissante britannique et une quarantaine de blessés serait liée à l’attaque de Sousse du 26 juin (38 morts).


D’après un officier anglais du contreterrorisme ayant fait partie de l’équipe dépêchée par la Grande-Bretagne pour épauler les autorités tunisiennes dans leur enquête, Seifeddine Rezgui s’est entraîné en Libye en même temps que les deux assaillants du Bardo affiliés à l’Etat Islamique.


A ce jour, pas moins de 150 personnes ont été arrêtées consécutivement à l’attaque de Sousse. Quinze d’entre eux seulement sont poursuivis pour des chefs d’accusation liés au terrorisme.


Quant aux sept personnes enlevées mardi devant la Cour d’appel de Tunis, le ministre de l’Intérieur a déclaré mercredi que « la police a agi sur ordre d’un juge ».


 


S.S