Tunisie : Assouplissement des mesures sanitaires dans plusieurs secteurs
Le ministre de la santé Faouzi Mehdi a indiqué qu’une certaine stabilité a été observée au niveau de la propagation du Coronavirus ainsi que du nombre des décès en Tunisie, depuis le durcissement, début novembre, des mesures de prévention sanitaires. Un léger mieux qui justifie selon lui l’assouplissement de certaines dispositions dans la restauration, la culture et lieux de culte. Explications.
Lors d’un point de presse organisé au palais du gouvernement à la Kasbah, le ministre a souligné que le taux de propagation du coronavirus en Tunisie demeure élevé : 145 nouveau cas pour 100 mille habitants lors de la dernière quinzaine.
Selon Mehdi, 1342 cas de décès ont été enregistrés au cours du mois d’octobre dernier, tandis que le nombre des décès enregistré à la mi-novembre est de plus 905, pour atteindre un total de 2543 cas de décès. Un chiffre supérieur à celui des décès dans l’Algérie voisine. Certains services de réanimation atteignent quant à eux 85% de taux d’occupation.
« Malgré le statu quo relatif, le nombre de patients admis dans les hôpitaux publics est encore élevé (1548 cas), avec une moyenne de 50 à 60 décès par jour », a-t-il regretté. Le ministre a ajouté que cinq équipes scientifiques distinctes étudient l’évolution de la situation épidémiologique dans le pays. « Au début du mois de novembre la capacité de la prise en charge des patients a augmenté de 24% pour les lits de réanimation et de 40% pour les lits d’oxygène », s’est-il cependant félicité.
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Annonce phare de la conférence de Faouzi Mehdi, un assouplissement de certaines mesures, en vertu du léger mieux épidémiologique constaté, mais qui laisse sous-entendre que, sous pression, le gouvernement a finalement cédé partiellement aux demandes sociales les plus impérieuses. Ainsi les restaurants pourront, à partir du lundi 23 novembre, rester ouverts jusqu’au 19h00. En revanche pour les cafés les mesures resteront inchangées, avec fermeture obligatoire à 16h00.
Priorité aux vaccins et budget alloué à la Santé en hausse en 2021
S’agissant des vaccins anti-Covid, Mehdi a affirmé que le comité scientifique a entrepris de contacter l’ensemble des laboratoires étrangers concernés afin de prendre les mesures nécessaires et se préparer pour l’acquisition des vaccins, tout en assurant la coordination avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le ministre a par ailleurs indiqué que pour l’exercice 2021, une enveloppe d’environ 2855 millions de dinars a été suggérée, précisant que les besoins réels du ministère en ressources humaines sont d’environ 20 mille personnes parmi le cadre médical, paramédical mais aussi le corps administratif et technique.
Il a rappelé que le chef du gouvernement avait ordonné le recrutement de 1380 cadres médicaux et paramédicaux supplémentaires. Une disposition exceptionnelle, dans la mesure où l’Etat a officiellement mis en suspens tout recrutement dans la fonction publique depuis 2019.
Un assouplissement précipité également par la nécessité d’enclencher au plus vite la reprise économique
La culture et les mosquées reprennent vie
Les autorités sanitaires ont enfin annoncé la reprise d’un certain nombre d’activités culturelles, à l’issue de diverses consultations avec le Comité scientifique. Une reprise qui sera autorisée elle aussi dès le lundi prochain 23 octobre. La décision qui concerne essentiellement les ateliers dans les domaines des arts, de la culture et des récitals de poésie, en plus de la reprise des activités des galeries d’art, des expositions, des musées et des bibliothèques.
Il a également été décidé de permettre les spectacles musicaux et artistiques via le streaming en direct sur les sites internet et les réseaux sociaux. Un compromis auquel auront abondamment recours les Journées cinématographiques de Cartage, prestigieux festival international maintenu pour décembre 2020.
Le ministre des Affaires religieuses Ahmed Adhoum a pour sa part annoncé la réouverture des mosquées et le retour à la prière, toujours à partir du lundi 23 novembre courant. « Seules les cinq prières seront effectuées dans les mosquées », a néanmoins insisté le ministre, intervenant lors de la même conférence de presse.
Mais s’agissant de la prière de vendredi, Adhoum a jugé « difficile » pour le moment d’y appliquer les mesures de distanciation physique, précisant que cette question devrait être tranchée mercredi prochain, lors de la réunion de la commission scientifique pour réévaluer la situation épidémique dans le pays et le degré du respect du protocole sanitaire dans les mosquées.
Sur un total de 22 cadres religieux, 105 imams ont été contaminés par la pandémie de Coronavirus depuis mars 2020. « Il est de notre devoir de les protéger » a martelé le ministre. Cinq d’entre eux ont déjà péri des suites de la maladie.
Une plainte avait été déposée pour rappel par le conseil syndical des imams et des cadres de mosquées pour faire annuler la décision de fermer les mosquées, au moment où les prières collectives anarchiques se multiplient dans malgré les arrestations. En guise de réponse, le Mufti de la République, Othmane Battikh, a qualifié cette action en justice de « futile et dénuée de sens », arguant que la prière dans les mosquées « n’est pas obligatoire ».