Assassinat de Chokri Belaïd : 5 ans après, la colère de ses proches est intacte
Cinq ans après l’assassinat du leader de la gauche radicale Chokri Belaid, le mystère plane toujours sur le mobile précis et les commanditaires du meurtre. Aujourd’hui l’émoi et la colère de sa famille et de ses compagnons de route étaient encore palpables à Menzah 6.
Nous nous étions alors rendus sur place à la clinique de la Cité Ennasr où son corps criblé de balles fut emmené, puis à son domicile le lendemain ou sa dépouille a été transportée.
Agé alors de 48 ans, Belaïd avait été tué en bas de son domicile à Tunis le 6 février 2013. Depuis sa famille a été délocalisée par les autorités dans un lieu sûr, une adresse inconnue où sa veuve et ses deux filles sont sécurisées et préservées du harcèlement médiatique.
Malgré les interrogatoires des suspects, les caméras de surveillance et l’enquête qui a nécessité plusieurs années, les commanditaires de cet assassinat courent toujours. Le fait que les forces d’élite aient abattu le principal exécutant présumé Kamel Gadhadhi, lors d’un raid 1 an plus tard en 2014 à Raoued, n’a sans doute pas facilité l’aboutissement de l’enquête. Tout comme la mort en Syrie du conducteur présumé du scooter, Marwen Belhadj.
Basma Belaïd intraitable
Interrogée par la presse nationale aujourd’hui, Basma Belaïd, affirme que les « dirigeants du mouvement Ennahdha protègent ceux qui ont assassiné son époux ». Une position qu’elle partage avec certaines des bases et des dirigeants de l’extrême gauche. Elle juge que l’enquête sur les dossiers de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, assassiné aussi près de son domicile le 25 juillet 2015, n’avance pas. Pourtant le procès des membres arrêtés du réseau terroriste impliqué dans l’opération a débuté dès 2015, avec près de 300 avocats.
Basma Belaïd martèle que la promotion dont a bénéficié le juge d’instruction de la chambre pénale numéro 13 qui a été promu procureur de la République est en soi « une preuve de l’infiltration de la justcie ». Le magistrat en question est accusé par la famille politique de Belaïd d’avoir camouflé des documents importants liés à l’affaire de Belaïd.
Hamma Hammami surenchérit
Le porte-parole du Front Populaire, Hamma Hammami, a quant à lui déclaré que l’assassinat de Chokri Belaïd est « un crime d’Etat ». Le leader du Front cite les différents obstacles que rencontre la lente progression dossier du martyr Belaïd et accuse les partis politiques Ennahdha et Nidaa Tounes d’être impliqués.
Hammami accuse l’actuel gouvernement de coalition d’une « entente, le parti Nidaa Tounes ne souhaitant pas selon lui déstabiliser le gouvernement en dévoilant des preuves qu’il détiendrait de l’implication du mouvement Ennahdha dans l’assassinat du leader Belaïd.
Cependant, si les assassinats politiques ont lieu souvent sur ordre, avec la complicité ou l’assentiment des autorités ou sous l’autorité d’une entité politique, et sont généralement mis dans la même catégorie que les exécutions extrajudiciaires, l’écrasante majorité de ces assassinats restent non élucidés.
Seif Soudani
Voir aussi : Concert hommage à Chokri Belaïd