Tunisie : Arrestation du député Yassine Ayari
Le député d’opposition Yassine Ayari a été interpelé à son domicile vendredi 30 juillet. « Une arrestation très violente », d’après son épouse témoin de la scène.
Le frère du député ainsi que son avocat ignorent encore l’identité du corps de sécurité qui a procédé à l’arrestation, hormis le fait qu’un grand nombre de véhicules a été dépêché sur place.
Particulièrement actif sur les réseaux sociaux contre ce qu’il qualifie de l’avènement d’une « monarchie populiste militaire » depuis le 25 juillet courant, Ayari avait ironiquement prédit sa propre arrestation sur sa page suivie par un demi-million d’abonnés. Dans un statut très suivi, il avait écrit le soir du gel du Parlement par Carthage : « Je n’ai jamais eu besoin de mon immunité, maintenant que je ne l’ai plus, et que vous détenez l’exécutif et la justice civile et militaire, voici mon adresse, venez me chercher j’ai déjà préparé mon sac ! Je n’ai pas eu peur de Ben Ali, je ne vais pas vous craindre vous qui aviez peur de l’ombre de ses lieutenants ».
Selon l’avocat Mokhtar Jemai qui assure la défense de Yassine Ayari, le seul jugement en appel dont il a connaissance est prévu pour le mois d’octobre prochain, mais en se renseignant auprès du parquet militaire, l’avocat a été informé que l’interpellation intervient suite à un mandat de dépôt dans une affaire où son client fut condamné à deux mois fermes, toujours suite à une publication Facebook « portant atteinte à l’armée ».
Condamnation ferme de la société civile
« Non aux poursuites militaires contre des civils. Non aux poursuites contre des opinions. Il n’y aura aucun renoncement à la liberté d’expression. Nous voulons des procès équitables », a notamment affirmé Bassem Trifi, avocat et vice-président de la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’Homme (LTDH).
Même indignation d’Achref Aouadi, président de l’ONG de vigilance I-Watch, pour qui ce zèle, qui ouvre probablement le bal d’une campagne d’arrestations, quand bien même il s’agirait de l’application d’un ancien jugement, relève dans le contexte actuel de la stupidité d’amateurs.
Yassine Ayari est le fils du colonel Tahar Ayari, officier militaire mort en martyr en 2011 en pourchassant des combattants djihadistes à la frontière tuniso-algérienne. Ancien blogueur et ingénieur informatique de formation, il avait milité contre la dictature du régime Ben Ali en étant l’une des figures de proue de la cyber-dissidence.
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