Tunisie. Arrestation d’un Italien pour construction d’une embarcation pour migrants
Un Italien résident en Tunisie a été arrêté pour avoir construit et fourni un bateau en polystyrène destiné à une opération d’immigration clandestine dans le sud-est du pays, révèle une source judiciaire. Une jurisprudence inédite qui démontre toute la complexité de certaines filières de traite humaine.
Cet Italien âgé de 45 ans « travaillait dans la construction de navires« , a expliqué Farid Jeha, porte-parole du Parquet de Monastir, ville côtière dans le centre-est du pays. D’après la même source, l’Italien aurait construit ce bateau en polystyrène dans un atelier à Ouardanine dans le même gouvernorat de Monastir.
L’embarcation en question a été utilisé dans une opération de migration clandestine partie depuis les côtes de Monastir vers l’Europe, qui a été cependant déjouée par les garde-côtes tunisiens, a indiqué toujours le représentant du ministère public. Trois organisateurs de cette opération, quant à eux de nationalité tunisienne, ont également été arrêtés dans cette affaire. Mais un quatrième reste encore en fuite.
C’est la première fois qu’un étranger de nationalité italienne est arrêté en Tunisie dans une affaire de construction illégale de bateaux en vue d’opérations de migration clandestine de ce type.
Sfax demeure une plaque tournante
A Sfax, les autorités ont pu constater ces dernières années un trafic de construction des embarcations de fortune pour des traversées illégales vers l’Europe impliquant des Tunisiens ainsi que des migrants de l’Afrique subsaharienne.
Malgré une importante enveloppe de l’UE, impulsée en cela par l’Italie de Girogia Meloni, la Tunisie reste l’un des principaux points de départ des migrants qui risquent la périlleuse traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont été portés disparus en 2023 dans des naufrages au large des côtes tunisiennes, un chiffre déjà en hausse en 2024 selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).
Ainsi du 1er janvier à la mi-mai, 103 embarcations de fortune ont fait naufrage, selon le ministère tunisien de l’Intérieur. Sur les quatre premiers mois de l’année, la Garde nationale a dit avoir « intercepté ou secouru » pas moins de 21.545 personnes, en hausse de 22,5% sur un an.
L’année dernière, des dizaines de milliers de ressortissants originaires d’Afrique subsaharienne, fuyant la pauvreté et des conflits notamment au Soudan, ainsi que des milliers de Tunisiens, poussés par la crise économique et des tensions politiques, ont tenté la traversée de la Méditerranée. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), sur la dernière décennie, plus de 27.000 migrants ont péri en Méditerranée, dont plus de 10% l’an dernier uniquement, soit 3.000 migrants.
