Affichage urbain, l’ultime provocation des Karoui
Déjà délétère, le climat électoral s’est encore plus détérioré en Tunisie mardi soir avec l’installation de panneaux d’affichage géants, installés par le groupe publicitaire Karoui & Karoui, sur lesquels on peut lire « La prison ne nous arrêtera pas. Rendez-vous le 15 septembre… ».
Ironie du calendrier, cette évidente provocation sous forme de message de teasing adressé au pouvoir intervient le même jour où l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) publiait les règles du jeu de la campagne qu’elle venait de mettre à jour le 27 août, avec une entame de la campagne électorale fixé pour le 2 septembre.
Précoce, la campagne d’affichage est par conséquent clairement illégale. Après la découverte de l’installation de ces panneaux dans un premier temps sur la route de la Marsa, au niveau de la Charguia (Tunis est), les réactions des internautes fusent, dont celles de juristes qui disent attendre des mesures rapides de l’ISIE ou des pouvoirs publics. D’autres déplorent qu’un candidat en prison pour des faits de blanchiment d’argent soit en mesure de gérer ainsi sa campagne électorale depuis sa cellule de prison de la Mornaguia.
Outre l’invalidation pure et simple des listes du parti Au cœur de la Tunisie et / ou de la candidature de son chef Nabil Karoui, les contrevenants s’exposent à de lourdes amendes, voire à des peines de prison ferme. Pour rappel, Ghazi Karoui, le frère de Nabil Karoui, serait en fuite en Algérie depuis vendredi dernier.
Une situation de flou juridique
Mais la perspective de voir une intervention de la police municipale n’est pas garantie car juridiquement, les auteurs de la campagne pub peuvent plaider la non mention explicite de la présidentielle et une simple campagne de soutien.
L’équipe Nessma TV / Karoui multiplie les efforts, les plateaux TV et les conférences de presse depuis l’incarcération de son chef. Ainsi l’ancien CPR Iyadh Elloumi est allé jusqu’à comparer l’emprisonnement de l’homme d’affaires candidat à la présidentielle à l’assassinat du syndicaliste Farhat Hached en 1952.
Pour l’ISIE, les candidats et les listes de candidats sont tenus de « s’abstenir, lors de leurs réunions, de tout discours susceptible de porter atteinte à l’ordre public, d’inciter à commettre un crime ou un délit, ou de porter atteinte à l’intégrité physique des candidats et des électeurs, ainsi qu’à la dignité et à la vie privée des candidats », peut-on lire dans le texte de la décision n°22 datée du 22 août 2019.
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