Tunisie. Affaire Mabrouk : neuf anciens ministres mis en examen

 Tunisie. Affaire Mabrouk : neuf anciens ministres mis en examen

Youssef Chahed fait partie des individus mis en examen

Dans le dossier aux ramifications complexes lié à l’affaire du businessman et ex gendre de l’ancien président Ben Ali, Marouen Mabrouk, la chambre de mises en accusation vient de mettre en examen plusieurs personnalités de l’ancien gouvernement de Youssef Chahed, une dizaine au total, un record.

Les figures concernées sont l’ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, l’ex ministre de l’Environnement, Riadh Mouakher, l’ex ministre de la Santé, Imed Hammami, l’ex ministre des Domaines de l’Etat Mabrouk Korchid, l’ex ministre chargé des Relations avec la société civile, Mehdi Ben Gharbia, l’ex ministre de l’Agriculture, Samir Taieb, l’ex ministre du Tourisme, Salma Elloumi, l’ex ministre des Finances, Ridha Chalghoum, l’ex ministre des Technologies, Anouar Maârouf, l’ex ministre des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, l’ex conseiller Lotfi Sassi, l’ex d’ex-directeur général de la société Karama Holding, Adel Grar, ainsi que Marouen Mabrouk lui-même.

Tous ont participé au conseil des ministres consacré à la levée du gel à l’étranger des avoirs de l’homme d’affaires, soupçonnés d’être en grande partie mal acquis. Une levée qui n’a finalement pas eu lieu.

 

Plusieurs mandats de dépôt

Trois d’entre eux ont notamment fait l’objet de mandats de dépôt : Youssef Chahed, Mabrouk Korchid et Adel Grar. Cependant, Youssef Chahed et Mabrouk Korchid se trouvent actuellement à l’étranger, tandis qu’Adel Grar est déjà détenu. Parmi les personnes mises en examen, l’ex-ministre Imed Hammami (ancien cadre Ennahdha) se distingue. En effet, malgré sa proximité affichée avec l’actuel pouvoir et sa posture laudative du président Kais Saïed dans les médias nationaux, il ne semble pas avoir été pour autant épargné par la justice.

La judiciarisation de la vie politique continue de plus belle en Tunisie, a déploré l’opposant et ancien ministre Mohamed Abbou, qui appelle à « sortir de l’arbitraire ».

Le groupe Mabrouk chapeauté par une fratrie de trois frères, et dont le chiffre d’affaires dépasse le milliard d’euros et qui emploie directement plus de 20 mille personnes, est un fleuron familial principalement implanté dans les secteurs de l’agroalimentaire (Sipca, Saïda), de la grande distribution (Géant-Casino, Monoprix), de l’automobile, des télécommunications (Orange), de l’hôtellerie, et de la banque (Biat). Il est leader dans nombre de ces domaines en Tunisie.

Dans ses précédentes comparutions devant la justice, la défense du discret Marouen Mabrouk avait pu faire-valoir le fait que la fortune du groupe a largement été constituée avant que leur client ne devienne un temps le beau-fils de l’ancien dictateur Ben Ali en épousant sa fille Cyrine Ben Ali en 1996, avec laquelle il avait fondé la radio Shems FM et dont il est aujourd’hui divorcé.