Tunisie. Abir Moussi de nouveau devant un juge d’instruction

 Tunisie. Abir Moussi de nouveau devant un juge d’instruction

Karim Krifa

L’opposante et cheffe du Parti Destourien Libre (PDL), Abir Moussi, comparaît aujourd’hui vendredi 11 octobre devant le bâtonnier des juges d’instruction dans le cadre de l’affaire dite du bureau d’ordre de la présidence de la République, un dossier à l’origine de ses démêlés avec la justice.

Considérée comme la leader du plus grand parti d’obédience destourienne d’opposition, et grande absente du scrutin présidentiel pour lequel elle se préparait depuis l’an dernier, Moussi a été écrouée depuis 3 octobre 2023.

Elle comparaît aujourd’hui en compagnie de son bras droit, la jeune Meriem Sassi, membre du bureau politique du parti qui devra également être interrogée dans le cadre de cette même affaire. Les deux femmes y sont accusées d’avoir causé le désordre aux abords du Palais présidentiel, après avoir exigé en vain une décharge du bureau d’ordre et filmé la scène, compromettant l’identité d’agents des forces de l’ordre sans leur permission.

 

Des troupes toujours aussi mobilisées

Lors d’un point presse tenu, la veille, jeudi, l’avocat Karim Krifa membre de son comité de défense a lancé un appel pour une campagne de solidarité visant à libérer Abir Moussi, soulignant que l’affaire fait l’objet d’un pourvoi en cassation. Mais si le frère du président de la République, Naoufel Saïed, a appelé dès le lendemain de la proclamation des résultats à l’apaisement via une ouverture au dialogue, rien ne semble infléchir à ce jour le cours d’une justice intraitable, qui vient de condamner le candidat Ayachi Zammel, toujours vendredi, à cinq années de prison supplémentaires dans une affaire de faux parrainages.

La chambre d’accusation près la cour d’appel de Tunis avait pour rappel confirmé le jugement de clôture de l’instruction prononcé au sujet des allégations portées à l’encontre de Abir Moussi, dont le fait de vouloir « planifier un attentat prémédité sur le territoire national dans le but de changer la forme du gouvernement ».

La chambre de mise en accusation près la cour d’appel de Tunis avait alors prononcé le 31 juillet dernier un jugement annulant la décision de clôture de l’instruction et décidé de soumettre le dossier au juge d’instruction afin de statuer sur demandes du parquet. A chacune de ces étapes, des foules de supporters de l’ancienne députée étaient massées devant les tribunaux, y compris en ce jour où l’enjeu de l’élection présidentielle est révolu.

Me Krifa a par ailleurs saisi l’occasion pour plaider en faveur de la suppression des différents décrets-lois découlant de l’article 80 de la constitution de 2014 (gel du Parlement), soulignant que ces textes juridiques sont d’autant moins valables au lendemain du scrutin du 6 octobre 2024. L’avocat de Moussi a appelé à cet égard les magistrats en exercice « à s’abstenir d’appliquer ces décrets-lois, pressant l’autorité en place à parachever la mise en place des institutions de l’Etat dans les plus brefs délais » […]. « Il ne peut y avoir d’Etat de droit et des institutions sans la mise en place de deux institutions-clé : le conseil supérieur de la magistrature et la cour constitutionnelle », a-t-il insisté.

Krifa a également tenu à rappeler la position de son parti au sujet du scrutin du 6 octobre 2024, réaffirmant le rejet en bloc par le PDL des résultats du scrutin dont il ne reconnaît pas la légitimité.