Tunisie. Abir Moussi à nouveau poursuivie par la justice

 Tunisie. Abir Moussi à nouveau poursuivie par la justice

Point presse du comité de défense de Abir Moussi

Le bureau politique du Parti destourien libre (PDL) ainsi que le comité de défense de sa présidente, Abir Moussi, ont organisé un point de presse mardi 19 novembre 2024, afin d’éclaircir l’opinion à propos des derniers rebondissements dans le dossier dit « du bureau d’ordre » de la présidence de la République. Ils fustigent un harcèlement d’une ampleur inédite contre l’opposante politique.

 

La présidente du parti d’inspiration destourienne bourguibiste comparaissait le 15 novembre dernier en appel alors qu’elle entre dans son quatorzième mois de détention. Lors de la conférence de presse du parti, Maître Ali Bejaoui a indiqué que le juge d’instruction a décidé de poursuivre Abir Moussi en vertu de l’article 72 du Code pénal. Un article particulièrement sévère qui stipule « qu’est puni de mort l’auteur de l’attentat ayant pour but de changer la forme du gouvernement, d’inciter les gens à s’armer les uns contre les autres ou à provoquer le chaos, des homicides ou des pillages sur le territoire tunisien ».

 

Dénonciation d’un « harcèlement judiciaire »

Pour le comité de défense, le fait que le juge d’instruction ait auparavant déjà clos l’enquête et classé les accusations criminelles relevant de l’article 72, relève d’un « harcèlement caractérisé » d’une « justice aux ordres ». Les charges retenues contre Abir Moussi avaient ainsi été requalifiées en simples délits, nécessitant par conséquent un jugement devant une chambre correctionnelle. Mais bien que le Parquet ait fait appel de cette décision, la chambre des mises en accusation avait rejeté cet appel, confirmant la décision initiale du juge.

Toutefois, le ministère public a initié un pourvoi en cassation, ce qui a provoqué un nouveau renvoi du dossier devant le juge d’instruction. C’est donc celui-ci qui vient de décider à nouveau de retenir finalement des charges conformément à l’article 72 contre la présidente du PDL.

Les avocats de Moussi se disent indignés par cette nouvelle décision, alertant l’opinion nationale et internationale sur l’absence pourtant de tout élément nouveau dans le dossier d’instruction. Ils annoncent par ailleurs leur intention de faire appel, une fois de plus, de cette inculpation qu’ils estiment inéquitable.

Dans les rangs des militants du parti, partagés entre sentiment de résignation et de colère, certains vont jusqu’à établir un parallèle avec l’ancienne candidate tunisienne à la présidentielle et le procès en cours de la leader de l’opposition d’extrême droite français, Marine Le Pen, où les procureurs réclament l’inéligibilité de l’accusée dans l’affaire du détournement de fonds publics via des assistants parlementaires.

 

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