Tunisie. Abdellatif Mekki assigné à résidence dans la localité d’El Ouardia
Le candidat à l’élection présidentielle, ancien cadre d’Ennahdha et ex ministre de la Santé, Abdellatif El Mekki, comparaissait ce vendredi 12 juillet 2024 devant un juge d’instruction pour être auditionné dans le cadre de l’affaire du décès de Jilani Daboussi. Son entourage dénonce un acharnement judiciaire supplémentaire contre un prétendant à la magistrature suprême.
Son parti actuel « Amal w Injaz » (droite conservatrice modérée) avait pour rappel annoncé le mercredi 26 juin 2024 que son secrétaire général Abdellatif Mekki sera son candidat à l’élection présidentielle. La même semaine, il recevait une convocation pour comparaître en juillet.
L’affaire en question concerne le décès de Jilani Daboussi : le doyen des juges d’instruction au Tribunal de première instance de Tunis avait en effet émis dès le 20 juin dernier un mandat de dépôt contre le dirigeant d’Ennahdha et ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri pour homicide volontaire avec préméditation. Le président du mouvement Ennahdha par intérim, Mondher Lounissi, ainsi qu’un ancien médecin des établissements pénitentiaires et un cadre judiciaire à la retraite sont également accusés dans la même affaire.
L’homme d’affaires Jilani Daboussi avait été incarcéré en 2011 dans le cadre d’une affaire de spoliation de biens immobiliers sous l’ère Ben Ali. Il a été libéré en 2014, mais il est décédé quelques heures après sa sortie de prison, d’où la part de mystère entourant encore ce dossier.
Mekki maintenu en liberté, avec une épée de Damoclès
Bien qu’il ait été laissé en liberté, le juge a cependant pris un certain nombre de mesures répressives à son encontre, dont une interdiction de voyager, d’apparaître dans les médias, ainsi qu’une assignation l’obligeant à ne pas quitter El Ouradia près de Tunis, localité où se trouve son lieu de résidence. Autant dire que faire campagne dans ces conditions sera impossible, à moins de trois mois du scrutin où l’homme espérait capitaliser sur les déçus de la gouvernance de l’islam politique.
Abdellatif Mekki nie pourtant catégoriquement tout lien avec cette affaire. Il affirme qu’en tant que futur candidat à la présidentielle, on tente de l’inclure dans une affaire « montée de toutes pièces », dans la mesure où « il ne connait pas la victime, ne l’a jamais rencontré, ne lui a jamais adressé la parole, n’a jamais consulté son dossier ni donné d’ordre le concernant », peut-on lire sur la page de l’intéressé. « Aucune pièce et aucun témoin ne peuvent prouver qu’il s’agissait bien d’un meurtre », renchérit-il.
Reste que les poursuites engagées contre Abdellatif Mekki viennent s’ajouter à la longue liste des inculpations touchant quasiment l’ensemble des candidats sérieux à la présidentielle, dont le dernier en date était Lotfi Mraihi.