A Washington, Chahed déplore la baisse de l’aide sécuritaire et économique à la Tunisie
« Toute révision à la baisse de l'aide sécuritaire et économique américaine à la Tunisie risque d'envoyer un message négatif aux organisations terroristes s’agissant de l’efficacité des forces sécuritaires et militaires tunisiennes », a regretté Chahed, sans détour, au premier jour de sa visite officielle de deux jours aux Etats-Unis le 10 juillet.
Décomplexée, la déclaration donne le ton d’une visite qui entend prendre à témoin l’opinion internationale. Elle intervient au moment où le nouveau budget de l'administration Trump pour l'exercice 2018 prévoit une baisse substantielle de l’aide militaire et économique à la Tunisie. Une premier revirement de ce type depuis la révolution de 2011.
Soucieux de ménager son hôte, Chahed a malgré tout insisté sur « la considération que vouent les Etats-Unis à l'expérience tunisienne en matière de lutte contre le terrorisme et la corruption. » Une façon indirecte de souligner l’incohérence de la baisse surprise des aides, en plein effort antiterroriste et anticorruption. Un effort qui ne semble donc pas émouvoir la nouvelle administration isolationniste et économiquement austère de Donald Trump.
« La Tunisie est au premier rang des pays qui combattent le terrorisme dont elle est la cible en tant que démocratie naissante », a ajouté Chahed devant un parterre médiatique dont une partie était embarquée dans l’avion officiel.
Évoquant ensuite l'intérêt porté par les États-Unis à la situation en Libye en vue de trouver un règlement politique global de la crise libyenne, il a en outre indiqué avoir insisté auprès des responsables américains sur le rôle prépondérant de la Tunisie comme allié stratégique incontournable sur ce dossier.
Baptême du feu diplomatique
Objet d’une grande attention médiatique et populaire nationale, ce déplacement à Washington, le premier de Youssef Chahed en tant que chef du gouvernement, fait office de baptême du feu du quadra, lui qui avant d’entamer sa carrière politique était consultant auprès de l’ambassade US à Tunis, spécialiste en agronomie.
Aujourd’hui une rencontre de haut niveau avait lieu entre lui et le vice-président US Mike Pence (photo ci-dessus), son quasi homologue dans le protocole américain. « Une rencontre particulièrement importante, étant donnés les risques élevés pour le président Trump d’être destitué avant la fin de son mandat », plaisante-t-on dans les réseaux sociaux.
Le chef du gouvernement tunisien qui venait de s'entretenir au siège du Département du Trésor américain avec le secrétaire d’Etat au Trésor, Steven Mnuchin, a salué « l'attention particulière accordée par ce département à la jeune expérience démocratique tunisienne et sa disposition à soutenir la Tunisie », peut-être un bon signe laissant présager du fait qu’il ne rentrera bredouille.
S’exprimant plus tard lors de l'entretien qu'il a eu au département de la Défense (Le Pentagone), avec le secrétaire d'état américain à la Défense, James Mattis, le chef du gouvernement tunisien a rappelé le statut privilégié de la Tunisie acquis en juillet 2015 : « En tant qu’allié majeur non-membre de l’OTAN, la Tunisie est totalement impliquée dans cette guerre ».
S.S