A Alger, Saïed et Tebboune affichent une entente cordiale

 A Alger, Saïed et Tebboune affichent une entente cordiale


Répondant à une invitation de son homologue algérien Abdelmajid Tebboune, le président de la République Kais Saïed est arrivé dimanche 2 février à Alger pour une visite d’Etat, son premier déplacement officiel en tant que chef de l’Etat à l’étranger. 



 


La visite vient honorer un engagement pris par Saïed lors de sa prestation de serment dès le 23 octobre 2019, à se rendre, en premier, en Algérie. Un signe fort, même si certains algériens opposés à la tenue de la récente élection présidentielle algérienne avaient regretté qu’un tel geste viendrait de facto normaliser l’investiture de Tebboune.  


Aussitôt arrivé, le président de la République s’est rendu au mémorial du Martyr à Alger où il a déposé une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative et récité la Fatiha à la mémoire des martyrs. Le chef de L’Etat et la délégation l’accompagnant ont ensuite visité en compagnie du ministre algérien des Affaires étrangères le musée national du Moudjahid.


Passé ce rituel d’usage, Kais Saïed s’est rendu au palais présidentiel où il a eu des entretiens avec le président algérien Abdelmajid Tebboune, dont « un entretien à huis clos », rapporte notamment la presse algérienne.


Concordance des points de vue sur la Libye


Très attendu sur la question libyenne, le tandem Saïed – Tebboune a d’emblée souligné lors d’une déclaration conjointe « une concordance des points de vue et un accord total sur les questions bilatérales, régionales et internationales » évoquées à l’issue d’un entretien en tête-à-tête, au Palais présidentiel d’El Mouradia.


Ainsi les deux chefs d’Etat ont mis l’accent sur la nécessité de trouver une solution pacifique libyo-libyenne, « sans aucune ingérence étrangère », tout en y interdisant toute importation d’armes. Mais au moment où les troupes turques embarquent pour Tripoli, la déclaration sonne comme un vœu pieux, d’autant que Tunis et Alger restent, en coulisses, opposées au camp Haftar.


Visiblement soucieux d’apporter un certain renouveau aux relations entre les deux pays, concomitamment avec l’élection de deux nouveaux pouvoirs, les deux hommes ont expliqué vouloir initier « une nouvelle approche conforme aux aspirations d’un même peuple en Tunisie et en Algérie ».


Signe de bonne volonté, le président algérien a annoncé à cette occasion la décision de placer un fonds de 150 millions de dollars américains (l’équivalent de 426 millions de dinars tunisiens), comme dépôt à la Banque centrale tunisienne (BCT), « en guise de garantie », dans le cadre du renforcement des relations de fraternité et de solidarité entre les deux pays frères et « en considération de la situation financière difficile que la Tunisie traverse », a-t-il ajouté.


« L’Algérie fait parler le cash ! », ou encore « État-mendiant ! », ont sitôt réagi les détracteurs de Kais Saïed en Tunisie dont l'économiste Moez Joudi. Dans le même ordre d’idées, Tebboune a par ailleurs réitéré la poursuite de la facilitation de l’approvisionnement de la Tunisie en gaz naturel et en carburant, « en attendant qu’elle puisse s’acquitter de ses engagements ».


Revenant ensuite sur l’impératif sécuritaire et celui du renseignement, Tebboune a insisté sur « l’activation des mécanismes communs de lutte contre le terrorisme dans les deux pays et sur la frontière commune », affirmant que « la sécurité et la stabilité de la Tunisie équivaut à la sécurité et à la stabilité de l’Algérie ».


 


Refus du « deal du siècle »


S’agissant enfin de la cause palestinienne, les deux présidents ont souligné leur total refus du « deal du siècle », en martelant qu’il n’y aura point de solution sans la consécration des droits du peuple palestinien, dont le droit à un Etat indépendant sur la base des frontières de 1967, avec Jérusalem pour capitale, sur la base de résolutions légales et de l’initiative de paix arabe, au moment où les accords d’Oslo sont, de fait, suspendus.


Conscients que cette position reste symbolique à défaut de pouvoir peser davantage géopolitiquement, les deux présidents ont rappelé l’importance de la reprise de la construction maghrébine et de l’édification d’un « Grand Maghreb arabe » en vue de réaliser les aspirations des peuples de la région.


Une visite de haut niveau de Abdelmajid Tebboune est attendue sous peu en Tunisie, dès que le pays se dotera d’un gouvernement.