Tunisair : la difficile mission du nouveau PDG Khaled Chelly

 Tunisair : la difficile mission du nouveau PDG Khaled Chelly

C’est désormais officiel : le nouveau PDG de Tunisair est un ancien du sérail du transporteur national, conformément à ce que demandait une majorité du personnel suite au fiasco de l’éphémère passage d’Olfa Hamdi à sa tête.

Khaled Chelly possède en effet une expérience de pas moins d’une trentaine d’années dans le domaine du secteur aérien pour y avoir déjà occupé de hautes fonctions à Tunisair, mais aussi à l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA) et à l’Association du transport aérien international (IATA). C’est donc visiblement sur l’expérience qu’a misé le gouvernement Mechichi pour espérer redresser la compagnie aérienne en la sortant de la profonde crise qu’elle traverse.

 

Un enfant de la compagnie

Directeur général adjoint de Tunisair entre 2012 et 2014, il fut DG de la filiale Tunisair Express de 2014 à 2015, représentant à Montréal pour l’Amérique du Nord depuis 2019, après un passage à Vienne en Autriche. Avant cela il occupa le poste de PDG de l’OACA pendant 3 ans et dirige le bureau de Tunis au sein de l’IATA, avant d’être nommé à au Maroc, à Casablanca, de 2009 à 2012.

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C’est donc une pointure du transport aérien qui prend les commandes du groupe en quasi faillite. Une nomination intervient alors que la compagnie traverse sans doute les turbulences les plus dures de son histoire, aggravées par la crise du trafic aérien mondial liée au Covid qui a creusé davantage encore une situation financière désastreuse.

Chelly a par ailleurs la particularité de maîtriser un autre maillon fondamental du transport aérien : celui des aéroports, ayant auparavant présidé l’OACA. En dépit du chantier titanesque qui attend le nouveau PDG, sa nomination a été particulièrement bien reçue dans les milieux du tourisme et dans celui des agences de voyages billettistes dont les acteurs connaissent parfaitement l’homme et ses compétences reconnues.

Dans une première déclaration en tant que PDG de Tunisair hier, Chelly a admis que les recrutements massifs post révolution ont précipité les difficultés en termes de bilan financier.

Il a toutefois relativisé le coût de la crise Covid tout en prenant très au sérieux le problème de la vétusté des appareils de la compagnie : « Sur 28 appareils en théorie, nous pourrions à terme nous retrouver avec seulement 4 avions pleinement fonctionnels… Ce qui risque de nous faire perdre rapidement des slots au profit de la concurrence. Or, même en panne ou en attente de pièces de rechange, les appareils cloués au sol représentent une charge à part entière au sein de la flotte Tunisair », a-t-il déploré.

« Nous avons plus de 7000 employés pour 28 appareils, là où la Royal Air Maroc ne compte que 3500 emplois pour 60 appareils… », a récemment souligné l’ancien ministre Fadhel Abdelkafi.

 

Atterrissage forcé de l’avion assurant le vol Monastir – Lyon

Et le moins que l’on puisse dire est que le mandat de Chelly ne commence pas sous les meilleurs auspices. Un Boeing 737 de Tunisair à destination de Lyon a ainsi dû recourir à un atterrissage d’urgence, hier soir lundi 8 mars à l’aéroport de Tunis Carthage suite à un problème de pression.

L’avion effectuait la liaison entre Monastir et la ville française de Lyon. L’incident s’est déroulé quelques minutes après le décollage au nord de la capitale Tunis et l’équipage a décidé d’atterrir en urgence dans l’aéroport le plus proche suite à la perte de pression dans la cabine.

L’appareil a ainsi fait demi-tour et s’est dérouté vers l’aéroport de Tunis, où il a atterri en toute sécurité sur la piste où les services d’urgence et pompiers étaient mobilisés. Une vidéo de l’atterrissage d’urgence a été filmée et publiée sur Youtube.

Rappelons que le 6 juillet 2020, Elyès Mnakbi, en poste depuis 3 ans avait été démis de ses fonctions après un bras de fer avec le ministre du Transport d’alors, Anouar Maarouf (Ennahdha). Suite à quoi Wassef Ayadi, nommé PDG de Tunisair le 24 octobre 2020, ne prendra jamais ses fonctions, suite à une mésentente sur ses rémunérations. Nommée aux mêmes fonctions le 4 janvier avant d’être débarquée au bout du 50e jour de son mandat, la jeune Olfa Hamdi y a établi un record de la plus courte escale.