Traversées irrégulières de la Manche : la France et l’Angleterre durcissent le ton

 Traversées irrégulières de la Manche : la France et l’Angleterre durcissent le ton

Des migrants à bord d’un bateau entre Sangatte et Cap Blanc-Nez dans la Manche au large des côtes du nord de la France, tentent de traverser les frontières maritimes entre la France et le Royaume-Uni le 27 août, 2020. SAMEER AL-DOUMY / AFP

Alors que le nombre de traversées de la Manche par les personnes migrantes connaît une augmentation significative, la France et le Royaume-Uni annoncent un durcissement.

 

31,4 milliard d’euros

Lors d’un entretien (28 novembre), le ministre français de l’Intérieur M. Gérald Darmanin et son homologue britannique Mme Priti Patel, ont abordé la « nécessité d’empêcher les traversées maritimes illégales et de prévenir les troubles à l’ordre public qu’elles génèrent des deux côtés de la Manche ».

Selon la BBC, pour le seul mois de septembre, 1 892 migrants sont passés des côtes françaises aux côtes anglaises. Près de 7 000 depuis le début de l’année.

Pour endiguer ces « traversées illégales », le Royaume-Uni compte mettre les moyens sur la table : 31,4 milliard d’euros. Ils permettront la mise en place d’un nouveau plan opérationnel conjoint avec la France.

Nouveau plan

« Augmentation significative des déploiements de forces de l’ordre pour enquêter, dissuader et prévenir les traversées irrégulières ». Mais aussi « d’équipements de technologies de surveillance », le nouveau plan veut agir en amont.

Cependant, il aura également un volet moins répressif, selon le communiqué du ministère de l’Intérieur français. Ce plan comprendra « des mesures visant à aider les migrants à trouver un hébergement approprié ». Et ce, «afin de les soustraire à l’emprise des trafiquants »

Des deux côtés de la Manche, la lutte contre les réseaux criminels de contrebande est une priorité. Ce qui passe notamment par la mise en place, en juillet dernier, d’une unité de renseignement opérationnel (URO) dédiée à la lutte contre le trafic de migrants.

Jusqu’ici « l’URO a permis de procéder à environ 140 arrestations et d’empêcher quelque 1 100 passages », avance le ministère.

Les expulsions continuent

Cependant, les expulsions des lieux de vie continuent à Calais. Malgré ces annonces et la volonté affichée de vouloir cibler les passeurs et de trouver des hébergements pour les migrants. Vendredi dernier (27 novembre), 81 migrants étaient évacués du complexe sportif Calypso. Ils y vivaient depuis juillet et dormaient dans des sacs de couchage, à même le sol. Un lieu qui posait « de sérieux problèmes de sécurité, de salubrité et de tranquillité en particulier pour les riverains », selon un communiqué de la Préfecture du Pas-de-Calais.

La semaine dernière, l’évacuation violente de migrants installés place de la République (Paris), a suscité une indignation nationale. « L’expulsion des lieux de vie, avec confiscation des biens personnels, dans un contexte violent accompagné d’interpellations (…), ici c’est quotidien », rappelait Chloé Smidt, coordinatrice du Human Rights Observers (HRO) à Calais et Grande-Synthe (24 novembre). A ce jour, les associations estiment qu’entre 600 et 1000 migrants vivent actuellement à Calais.

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