Travail forcé des Ouïghours : ouverture d’une enquête contre 4 géants de l’habillement
Le parquet national antiterroriste a ouvert fin juin une enquête pour « recel de crimes contre l’humanité ». Elle vise quatre géants du textile, dont Inditex et Uniqlo. Ils en effet sont soupçonnés de tirer profit du travail forcé des Ouighours internés dans des camps en Chine.
Le parquet national antiterroriste (PNAT) a ouvert fin juin une enquête pour « recel de crimes contre l’humanité » visant quatre géants du textile, dont Inditex (Zara, Bershka, Massimo Futi etc…), Fast Retailing Uniqlo France, SMCP (Sandro, Maje…) et le chausseur de sport Sketchers. Les magistrats accusent ces entreprises d’avoir profité du travail forcé de Ouïghours en Chine, a indiqué une source judiciaire jeudi à l’AFP, confirmant une information de Mediapart.
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L’enquête au pôle « crimes contre l’humanité » du PNAT fait suite à la plainte déposée début avril par l’association anti-corruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette et l’Institut ouïghour d’Europe (IODE). Une Ouïghoure rescapée des camps d’internement chinois s’est associée à la plainte.
Cette plainte fait partie d’un ensemble d’actions lancées au niveau mondial par les défenseurs des droits humains. Les associations ont d’ailleurs annoncé vouloir entamer d’autres plaintes en Europe.
Plus d’un million de Ouighours internés depuis 2017
Cette minorité, principalement musulmane et concentrée dans la province du Xinjiang, fait l’objet d’une campagne de persécution de la part des autorités chinoises. Plusieurs pays, dont les États-Unis, évoquent un « génocide ». Des ONG accusent la Chine d’avoir interné depuis 2017 plus d’un million d’entre eux dans des centres de rééducation politique. Le régime communiste dément ce chiffre. Pékin assure qu’il s’agit de « centres de formation professionnelle » destinés à éloigner les Ouïghours de l’islamisme et du séparatisme.
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Plusieurs entreprises de prêt-à-porter comme le Japonais Uniqlo, le Suédois H&M, l’Américain Nike ou l’Allemand Adidas se sont engagées l’an passé à boycotter le coton du Xinjiang. Elles font en retour l’objet d’appels au boycott en Chine.
La plainte de l’avocat William Bourdon s’appuie principalement sur un rapport publié en mars 2020 par l’ONG australienne ASPI. Ce document étaie les soupçons de commercialisation de vêtements fabriqués, au moins en partie, dans des usines exploitant des Ouïghours.
Les associations estiment aussi que les sociétés ne justifient pas d’efforts suffisants pour s’assurer que leurs sous-traitants ne sont pas impliqués dans les persécutions des Ouïghours.