Travail forcé des Ouïghours : Nike et H&M dans la tourmente

 Travail forcé des Ouïghours : Nike et H&M dans la tourmente

Le département américain du Commerce a encore ajoutée une trentaine d’entreprises à sa liste noire des entreprises accusées de participer à la répression des musulmans ouighours.

Après H&M, Nike est devenu jeudi la dernière marque étrangère de prêt-à-porter à subir les foudres de la Chine. Les multinationales ont en effet annoncé leurs boycotts du coton du Xinjiang, sur fond d’allégations de travail forcé des Ouïghours.

Le Xinjiang (nord-ouest de la Chine) est l’une des plus importantes régions productrices de coton au monde. Elle fournit d’ailleurs de nombreux grands noms du prêt-à-porter. Mais, certaines multinationales n’hésitent plus à faire part de leurs préoccupations concernant le traitement réservé aux musulmans ouïghours qui habitent cette région.

Selon des études d’instituts américains et australiens, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des « camps » et certains soumis à du « travail forcé », notamment dans des champs de coton de la région. La Chine estime ces rapports biaisés et assure que les « camps » sont des « centres de formation professionnelle » destinés à apporter un emploi à la population afin de l’éloigner de l’extrémisme. Le Xinjiang a en effet longtemps été frappé par des attentats visant des civils et attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours.

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En 2020, Nike avait publié un communiqué dans lequel l’entreprise se déclarait « préoccupée » par ces accusations de « travail forcé ». Le géant américain des articles sportifs s’était alors engagé à ne pas acheter de coton du Xinjiang. Ce communiqué de Nike a opportunément refait surface sur le réseau social chinois Weibo après l’imposition cette semaine par l’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et le Canada de sanctions contre la Chine autour de son traitement des Ouïghours.

Dans la foulée, Pékin avait dénoncé de « fausses informations » et sanctionné en représailles des personnalités et organismes européens, ouvrant la porte à d’autres ripostes potentielles.

 

Nationalisme à fleur de peau

Un acteur et une actrice très connus en Chine, Wang Yibo et Tan Songyun, ont annoncé jeudi couper leurs liens avec la marque, dont ils étaient les ambassadeurs d’image. Les intérêts « du pays passent avant tout. Nous sommes fermement opposés à toutes les actions malveillantes visant à salir ou à répandre des rumeurs sur la Chine », a indiqué l’agence chargée des intérêts de Mme Tan.

H&M est quant à elle emportée depuis mercredi déjà dans cette tempête médiatique en raison d’un communiqué similaire à celui de Nike sur le coton du Xinjiang. Signe d’une probable intervention du pouvoir, c’est la Ligue de la jeunesse communiste, une organisation affiliée au Parti communiste, qui avait lancé les hostilités sur le réseau social chinois Weibo.

« Diffuser des rumeurs et boycotter le coton du Xinjiang, tout en espérant faire de l’argent en Chine ? Vous rêvez ! », avait-elle écrit en publiant les copies d’écran du communiqué de H&M, déclenchant la polémique. Les produits de la marque ont depuis été retirés des principaux sites chinois de vente en ligne. Les magasins restent toutefois ouverts.

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L’institut Aspi, principalement financé par les autorités australiennes, mais aussi étrangères (notamment américaines), accusait H&M dans son rapport de s’être approvisionné auprès de structures utilisant de la main-d’œuvre ouïghoure provenant de « camps de rééducation ».

 

Mettre au pas les multinationales

Sur Weibo, d’autres noms de marques ayant pris des positions similaires à Nike et H&M commençaient à circuler jeudi. Uniqlo, Zara, Gap ou encore Adidas pourraient être les prochains à subir d’éventuelles sanctions. Elles ne seraient que les dernières d’une longue liste d’entreprises étrangères à s’attirer les foudres de Pékin pour avoir touché à un sujet politiquement sensible.

Versace, Coach et Givenchy ont par exemple dû présenter leurs excuses en 2019 pour avoir vendu des T-shirts laissant entendre que Taïwan et Hong Kong ne faisaient pas partie de la Chine. L’année précédente, la maison de couture italienne Dolce&Gabbana avait suscité une polémique avec la publication sur Instagram de vidéos jugées racistes.