La persévérance à rude épreuve
Des centaines de lettres de candidatures spontanées, des heures et des heures de recherche d’emplois intensives, et … rien. Crise du marché de l’emploi ou discrimination à l’embauche, Toufik Bellahcène commence à pencher pour la seconde option. C’est pourquoi il s’est résolu à un coup surprenant. Il a mis en vente ses origines sur un célèbre site internet d’enchères.
Tout a commencé par une petite annonce publiée sur un site de vente aux enchères sur le net : « Jeune Diplômé école de commerce (master), au chômage depuis plus d’un an, cède ses origines ethniques dans le but d’optimiser sa recherche d’emploi ». En fait, cette annonce, c’est une sorte de « coup d’éclat de la dernière chance ». Toufik Bellahcène était alors au bout du rouleau…
Bip up à Pôle Emploi
Cet homme de 33 ans, qui a longtemps vécu à Strasbourg et qui vit aujourd’hui à Metz, présente bien et il est diplômé d’une des meilleures écoles de commerce. Pourtant sa recherche d’emploi stable aura duré plus de 2 ans. Deux années « d’inactivité presque totale », raconte-t-il. Au total, 4 ans se sont même écoulés entre l’obtention de son diplôme et le CDI qu’il décroché le 13 février 2012. Il aura évidemment eu « quelques CDD de type plateformes téléphoniques et deux contrats aidés ». A ce sujet, Toufik en profite pour passer un « big up » à Pôle Emploi « qui fait l’objet de nombreuses critiques mais qui est la seule institution à offrir une aide concrète aux demandeurs d’emploi (contrats aidés, bons de déplacement pour aller passer des entretiens …) ».
Fier de son BEP et de son CAP
Pour lui, ce sont précisément ses origines qui freinent les employeurs. C’est aujourd’hui de notoriété publique : les candidats à un emploi d’origine maghrébine ont trois fois moins de chances d’être convoqués à un entretien d’embauche que les « Français de souche ». Sur son CV, Toufik Bellahcène a un cursus scolaire un peu accidenté. Il termine en revanche son cursus par une prestigieuse école de commerce, une des 10 meilleures en France. « Et j’ai un BEP et un CAP Vente Action Marchande que je revendique fièrement… », ajoute-t-il.
« Je me projette sur les candidats en difficulté »
Sa famille a découvert, un peu par hasard, son initiative et n’a pas été choquée par le fait de « vendre ses origines » sur internet. Elle l’a donc soutenu dans cette drôle de démarche… qui aura malgré tout porté ses fruits. Puisqu’aujourd’hui Toufik a donc décroché le précieux sésame, un CDI. « Un poste qui correspond à mes qualifications, mes ambitions et à mes valeurs puisque c’est une entreprise de service public », raconte Toufik Bellahcène. Il s’occupe d’une partie importante du recrutement du groupe. « Du coup je me projette énormément sur les candidats en difficultés, en particulier lorsque je recrute des profils peu qualifiés pour lesquels je reçois des candidatures de quinquagénaires victimes de licenciements économiques ou de jeunes sans diplômes qui cherchent un travail depuis 4/5 ans ». La boucle est bouclée.
Chloé Juhel